samedi 29 octobre 2011

Le Dessin du Samedi


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On continue le délicat retour aux sources niveau dessin. Du coup, vous risquez d'en bouffer, du Spiderman ! Cette fois, j'ai vraiment pris du plaisir et retrouvé certaines sensations mais je ne me suis pas encore senti suffisamment en confiance pour me risquer à faire un décor, surtout sur cette reproduction là avec un tel effet de perspective sur la cage d'ascenseur.

J'ai surtout du mal à savoir quel matériel utiliser, sachant que je veux en rester au crayonné sans mise en couleurs. Je crois l'avoir fait au 2B celui-là. Je ne suis pas contre essayer le "feutre noir" mais pas s'il bave.

J'ai un jeune ami grand fan de Spiderman. Léon, ce dessin est pour toi ! (Et ne t'inquiète pas, Spidey gagne toujours à la fin... forcément !)



jeudi 27 octobre 2011

L'écrit du Jeudi : La fenêtre ouverte



Chaque matin, Willy ouvrait grand la fenêtre. Il prenait un bon bol d'air et s'en emplissait les poumons. Selon les saisons, la ritournelle des oiseaux l'accompagnait ensuite jusque tard dans sa tête. Mais même en hiver, l'apparent silence glacial avait quelque chose de chantant. Du haut de sa fenêtre, Willy avait l'impression de contempler le monde. Et pour cause, sa maison constituait le point culminant du chapelet de moyennes montagnes qui se dessinait devant lui. Maison était d'ailleurs un bien grand mot. Un chalet plutôt, mais un chalet spacieux et lumineux en toutes saisons sauf quand la brume matinale s'étendait en un manteau vraiment trop opaque.

Un jour que je l'interrogeai sur cette curieuse habitude de rester là invariablement chaque matin comme hypnotisé  par le spectacle de la nature environnante, il me répondit ceci :
-Tu sais, dans ma vie, j'ai eu mon lot d'épreuves. Comme tout un chacun, bien-sûr, il ne s'agit pas pour moi de me lamenter sur mon sort. J'ai tellement connu de bons moments par ailleurs avec ma femme, quand elle était encore parmi nous. Ou avec mes enfants avant qu'ils ne rejoignent la grisaille et le bruit de la ville. Mais enfin, j'ai aussi connu des moments plus pénibles. Le décès prématuré de ma chère Mireille, la maladie, la solitude depuis la disparition de mon petit Toby. Bien-sûr, ce n'était qu'un chien mais nous partagions tant de choses.
Pour tout te dire, j'ai même eu quelquefois l'envie de m'en aller depuis qu'il n'est plus là. Après tout, je ne suis plus tout jeune et le monde continuera sans problème de tourner sans moi.
-Mais enfin, je m'égare, là, et tu es bien gentil de m'écouter poliment sans m'interrompre, reprit Willy, un sourire gêné aux lèvres. Bref, comme tu l'as si bien dit, chaque jour, la première chose que je fais en me levant, c'est d'ouvrir cette fichue fenêtre  et de mettre le nez dehors. Si ce que j'y vois m'émerveille encore, si je prends toujours du plaisir à être au milieu de tout ce qui m'entoure, si j'y découvre des choses auxquelles je n'avais pas encore prêté attention alors je me dis que j'en ai au moins pour un jour de plus. Mais le matin où j'ouvrirai les volets et où il ne se passera plus rien en moi, alors je crois qu'il sera grand temps de m'en aller rejoindre tous ceux qui ne m'ont pas attendu pour partir.

Je restai quelques instant à le regarder, tout en essayant d'intégrer ce qu'il m'avait dit et qui était à la fois un peu flippant et en même temps - et c'était quand même assez effrayant - doté d'un certain bon sens. Même si je n'avais pas trop envie de savoir ce qui se passerait le jour où il ne ressentirait plus rien en ouvrant ses volets. En même temps, je l'imaginais mal se lasser de la beauté de ses montagnes.

Je connaissais Willy depuis que je m'étais installé dans le coin. Huit ans déjà...
Tous les matins, en allant au boulot, je passais devant sa maison. Et invariablement, il était là, se tenant derrière la fenêtre de sa chambre. Et contemplant. Vu d'en bas, il semblait vraiment heureux.

Les journées se ressemblaient pour lui comme pour moi. Chaque matin, je le regardais d'en bas, lui faisant un signe de la main par la vitre ouverte de la portière de ma voiture et il me rendait mon bonjour d'un geste tout aussi amical, du haut de sa fenêtre.

Et puis un matin, les volets restèrent fermés. Je ne pus m'empêcher de m'inquiéter. Avait-il rencontré le vide qu'il craignait plus que tout, cette absence d'émerveillement dont il m'avait parlé ? Était-il tout simplement alité, cloué au lit par une vilaine grippe ? Je devais en avoir le coeur net. Je sortis de la voiture et courus vers la porte d'entrée lorsque j'entendis derrière moi : 
-Pas de panique mon garçon, je vais très bien.

Willy était assis à une cinquantaine de mètres de moi sur une chaise branlante qui aurait eu bien besoin d'être rempaillée à en juger par l'équilibre précaire du vieil homme. Il souriait.
-Alors quoi, vous n'ouvrez plus vos volets de bon matin ?
-Eh bien, répondit Willy, je me suis réveillé ce matin en me disant que j'avais peut-être mieux à faire que de toujours voir le monde de la même façon. D'en haut, c'est magnifique évidemment. Mais d'en bas, c'est tout aussi intéressant. C'est juste... différent. C'est un peu comme dans la vie, selon l'angle sous lequel on voit les choses ou l'idée que l'on s'en fait. Ou peut-être aussi que je ne voulais plus... dominer ? Hum, ce n'est pas forcément le mot mais... Disons que se sentir tout petit n'est pas désagréable non plus. D'en bas, j'ai l'impression que les choses reprennent leur vraie place. Et que ma propre place au milieu de tout ça me convient. Cela dit, je te rassure, même d'en haut, je ne me sentais pas particulièrement grand pour autant.
Ce matin, je voulais juste voir les choses différemment. M'émerveiller autrement. Peut-être que demain, je m'installerai encore autre part. Ou que je retournerai à ma fenêtre, à l'étage. Ou que je reviendrai ici, tout simplement.

J'écoutais le vieux Willy avec attention. Je l'écoutais toujours avec beaucoup d'attention d'ailleurs. Cet homme en était à l'hiver de son existence, vivait quasiment en reclus  mais avait pourtant un regard sur le monde que je lui enviais énormément. Une sagesse profonde. Un désir simple de prolonger le plus sereinement possible une vie déjà bien remplie.

Je pris congé. Je me sentais tout chose. Il ne s'était pourtant rien passé d’extraordinaire mais j'aurais donné cher pour revivre à l'infini ce genre de petits moments qui n'ont l'air de rien mais qui sont si précieux. Je reviendrais demain, forcément. Willy m'attendrait-il derrière sa fenêtre ? Devant sa maison ? Ailleurs ? Peu m'importait finalement. Willy serait quelque part et bien vivant. Plus que jamais vivant.



lundi 24 octobre 2011

La BD du Lundi : Epsilon, 15 ans, fils du néant

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Epsilon est une série française créée par le talentueux Jean-Yves MITTON qui sera publiée dans les pages de la revue Titans de 1986 à 1988 pour un total de 21 épisodes.


En 1986, j'ai 14 ans. Mes lectures BD tournent essentiellement autour d'histoires de super-héros, Spiderman en tête, que l'on trouve en abondance dans les revues Strange et Nova principalement. Titans fait partie de cette vague de revues parues aux éditions Lug mais je ne m'y intéresse guère. Les séries qui s'y trouvent ne m'emballent pas et je ne suis pas un fana de Star Wars dont la BD qui s'en inspire a longtemps été le fer de lance de Titans.


Mais quand je tombe sur le Titans 88 en mai 1986, je prends un coup sur la tête. Je me mets à le feuilleter et c'est encore pire. Je l'achète et je dévore cette saga futuriste qui va me tenir en haleine pendant près de deux ans. Vingt-et-un épisodes, c'est forcément trop court quand on aime et quand c'est bon à ce point. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi il n'y a jamais eu de réédition en intégrale digne de ce nom. Surtout que l'on voit fleurir un peu partout des rééditions pour des ouvrages le plus souvent de bien moindre qualité. Un mystère de plus dans le nébuleux marché de l'édition...


L'histoire d'Epsilon se déroule en 2086 où Paris est devenue une gigantesque mégalopole futuriste dirigée d'une main de fer par le PSI, père d'Epsilon.
Alors que l'adolescent fête ses 15 ans, il se rebelle contre l'autorité paternelle qui voudrait le modeler à son aise. Lassé d'être enfermé dans ce qui semble être une prison dorée, Epsilon va s'enfuir et partir à la recherche de sa mère dont il ne sait que peu de choses mais dont il est persuadé qu'elle est vivante.



Au cours de sa fuite où il sera traqué sans relâche par les troupes du Psi, il connaîtra l'envers du décor notamment les bas-fonds de la cité, la façade underground et prendra réellement conscience de l'étendue de l'empire de son démoniaque de père.
Multipliant les rencontres et pouvant parfois compter sur des alliés inattendus, il finira par libérer la cité du joug de l'infâme Psi, ce qui lui vaudra des révélations sur sa propre existence.

C'est un résumé forcément simpliste, ne serait-ce que vis à vis des connotations géopolitiques qui seraient un peu longues à expliquer ici. Si l'étendue de l'empire du Psi n'est pas clairement définie dans son immensité (avec Paris, axe central du Pouvoir), le modèle européen sert clairement d'inspiration à l'auteur. D'ailleurs, ici, tout se paye en eurécus. 



Au final, on a une série passionnante de bout en bout, incroyablement maîtrisée dans la forme et le fond. On ne s'ennuie pas un instant, on vibre aux péripéties du héros et de ses amis (tous ne survivront pas) et on se délecte vraiment des dessins de Jean-Yves Mitton qui est au sommet de son art, créant une architecture proprement bluffante et qui donne une vraie densité à la vie de l'empire Psi.

Un immanquable, rien de moins ! Pas vrai, Jean-Louis ? ;-)

samedi 22 octobre 2011

Le Dessin du Samedi

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Cette rubrique a un avantage : elle me permet de mesurer le chemin qui me reste à accomplir avant d'espérer redessiner pleinement. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si je poste ce billet à 23h passées. Il a fallu que je me fasse violence, d'autant que je ne voulais pas vous re-balancer des vieilleries comme samedi dernier (D'ailleurs, si les deux artistes confirmés qui oeuvrent sur ce blog pouvaient me donner un avis de pro sur mes dessins "de jeunesse").

Je crois que le dessin sera redevenu un plaisir lorsque chaque samedi, j'aurai déjà un petit stock conséquent de dessins réalisés dans la semaine et pas au dernier moment comme ce soir où tout s'est un peu fait dans l'urgence.

Déjà, j'ai eu une journée assez éprouvante, "visuellement parlant". Bref, se mettre à dessiner vers 22h quand on a les yeux explosés n'est pas très malin. Après avoir tergiversé de longs moments sur le choix de ma reproduction, c'est mon feutre noir qui a fait des siennes (pour une fois que je ne me limitais pas au crayon à papier, c'était bien la peine !). Quant à la mise en couleur, n'aimant pas la faire à la base mais estimant que le sujet s'y prêtait, j'ai finalement opté pour des crayons de couleur histoire de... Mais bon, la couleur ne saurait gommer les défauts du dessin. J'aurais préféré rendre un meilleur hommage à Peyo. Ce sera pour une prochaine fois...

Je dois vraiment enchaîner les dessins et surtout ne pas craindre les ratages, même successifs. Je crois que c'est, pour l'instant, cette perspective qui me fait reculer plutôt qu'avancer dans ma quête d'un plaisir du dessin retrouvé.



jeudi 20 octobre 2011

L'écrit du Jeudi : 1er Prix pour Le Survivant


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Il y a quelques semaines, je me suis inscrit à mon tout premier concours de nouvelles. Dans un premier temps, c'est un concours à échelle locale puis, dans un deuxième temps, la nouvelle sélectionnée est envoyée à un jury au niveau national.

Vu que le thème imposé était celui du cinéma (puisque c'est un réseau de cinémas qui organise le concours), je leur ai adressé "Le survivant", une nouvelle que j'avais écrite récemment et que certains d'entre vous avaient peut-être déjà lue sur mon ancien blog. Je la remets d'ailleurs ici en intégralité à la fin de ce billet.

Bref, ce mercredi 19 octobre avait lieu le résultat des délibérations et c'est donc ma nouvelle qui a été choisie pour concourir au niveau national par 6 voix contre 2. Je suis bien content. Cerise sur le gâteau, je repars avec quelques livres et des places de cinéma. Mais surtout, je prends cette petite victoire comme un encouragement. Avec mon syndrome de la page blanche, c'est un pas important. Mais petite victoire malgré tout parce que je dois quand même être honnête et relativiser. Il y a eu très peu de participants au niveau local et curieusement ceux qui ont envoyé leurs nouvelles étaient plutôt éloignés géographiquement. Moi-même, je suis déjà à une heure de route du cinéma qui délibérait cet après-midi.

Ce soir, lorsque je suis arrivé au cinéma de Terrasson, très (trop ?) en avance comme d'habitude, le jury n'avait pas fini de délibérer. Nath qui avait tenu à m'accompagner et moi-même, nous nous sommes assis devant le cinéma en attendant. L'air était frais mais c'était agréable. Vu que nous étions les premiers, je m'attendais à voir arriver les autres participants au fur et à mesure que le temps s'égrenait. Mais personne ! 

Finalement, les portes du cinéma s'ouvrent et on me dit que le lauréat a été sélectionné. Nath et moi entrons donc dans le cinéma mais je ne vois toujours personne à part nous deux et les membres du jury. Finalement, un homme entre et se joint à nous.

Les résultats tombent et parmi les nouvelles reçues, c'est donc la mienne qui est déclarée vainqueur. Enfin, une des miennes. Parce que je leur avais aussi adressé Sans voix mais qui n'a pas emporté l'adhésion. Heureusement que je m'étais fait la réflexion qu'elle serait probablement un peu hors-sujet par rapport au thème du cinéma (malgré l'allusion au monde du doublage) et que je m'étais rabattu sur Le survivant.

Heureusement aussi que je me suis déplacé parce que j'étais bien le seul. Et si j'avais été le seul à avoir fait le déplacement pour avoir été recalé au final, j'aurais gagné ma journée ! Ils ont eu du bol : sans le savoir, c'est l'auteur dont la nouvelle avait remporté les suffrages qui était présent. Parce que le monsieur qui était entré dans le cinéma juste après moi était en fait... le correspondant de presse ! (que je remercie chaleureusement au passage pour la photo de groupe)

Je vous laisse imaginer le tableau : aucun des particpants dans le cinéma à part moi, les huit membres du jury, le correspondant de presse. Eh bien, malgré tout, ça a été un moment très agréable, très convivial du coup. J'ai pu avoir des retours sur mes écrits, expliquer mon approche de l'écrit, mon besoin de créer une atmosphère, une ambiance, d'avoir des personnages qui prennent vie même au détriment de l'histoire parfois, exposer moi-même mes doutes sur mon manque d'inspiration qui me fait écrire bien moins que je le voudrais. Ils ont été très élogieux sur mon travail, ayant lu la nouvelle à plusieurs reprises car ils trouvaient que le tout était bien mené. Tout juste ont-ils émis quelques réserves sur ma conclusion dans laquelle je faisais un parallèle entre ma nouvelle et un fait divers ayant réellement existé. Pour eux, c'était finalement superflu. Nous avons pu argumenter tous ensemble dans un très bon esprit. En plus, j'ai gardé contact avec l'une des membres du jury qui est la présidente d'un atelier d'écriture et qui devrait me permettre, au travers d'exercices, de retrouver la régularité et, je l'espère, l'inspiration.

Bref, j'ai beaucoup aimé cette soirée dont je n'attendais pas grand chose au départ. J'aurais préféré qu'il y ait davantage de participants et surtout que ceux-ci eussent été présents ce soir, ce qui nous aurait permis d'échanger. Mais bon, l'essentiel est de repartir avec le plein de confiance. Et puis, même si, soyons réaliste, il est très peu probable que Le survivant connaisse un beau parcours au niveau national, on peut toujours se dire que l'aventure continue ! Et autre motif de satisfaction : il semblerait que ma première dauphine soit une ancienne instit de Nath, très aguerrie à cet exercice d'écriture de nouvelles et à ce type de concours. Donc, à défaut de la quantité, la qualité des participants semble avoir été au rendez-vous. C'est d'ailleurs à elle que sont revenues les deux voix m'empêchant de faire l'unanimité.

Allez, pour mon plaisir et j'espère le votre, petite piqûre de rappel avec... Le Survivant ! 




J'étais là dans cette immense boite. J'étais le dernier. Il y a une heure encore, nous étions un bon nombre mais les autres avaient eu moins de chance. Il ne restait que moi mais je ne me faisais pas d'illusion. J'allais y passer aussi, d'autant que je n'avais nulle part où me cacher. Il me trouverait forcément, malgré la pénombre. De toute façon, à quoi bon ? J'avais déjà tant souffert... et tout ça pour en arriver là ! J'avais cet aspect que je jugeais personnellement ragoûtant, du fait de mes brûlures au premier degré, mais curieusement cela semblait plaire... pour mon malheur !

Je me sentis observé et effectivement un oeil m'épiait. Me distinguait-il pour autant, je n'aurais su le dire. Mais le simple fait de le voir lorgner dans ma direction ne me poussait pas à l'optimisme. Il tendit le bras. Cette fois, j'étais perdu. C'était mon tour.

J'entendis alors une forte détonation. Puis une autre. Je perdis alors l'équilibre et sentis glisser la boite dans laquelle je me trouvais. Je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait mais c'était l'affolement tout autour de moi. Les gens hurlaient. Un type s'était mis à crier : "Tu croyais que tu allais nous emmerder encore longtemps comme ça ?" La panique semblait avoir englouti toutes les personnes présentes dans la salle. Je ne voyais pas grand chose de là où j'étais mais les gens semblaient courir dans tous les sens. Les cris s'amplifiaient.

J'étais sauvé. Pour le moment du moins. Je ne comprenais pas trop ce qu'il se passait mais en tout cas, personne ne faisait plus attention à moi. Lui en tout cas m'avait oublié. Je devais simplement veiller à ne pas me faire écraser par cette meute d'enragés. Mais ça avait l'air de s'arranger là-aussi. La pièce semblait se vider très progressivement, toujours dans un brouhaha de cris assourdissants certes, mais elle se vidait et c'était bien là l'essentiel. Un répit reste un répit. Ça ne changerait peut-être pas fondamentalement ma vie mais enfin...

Au bout d'un moment, il n'y eut plus que moi dans la salle. Enfin, je crois. Je n'étais pas idéalement placé pour en juger mais il me semblait bien. Sauf que je ne pouvais pas bouger et que je finirais bien par être découvert et tué. Ou alors, je resterais là à me rabougrir et m'assécher. Dans les deux cas, l'optimisme n'était pas franchement de rigueur.

J'appris plus tard, lorsque la police prit possession des lieux tandis que j'étais toujours planqué dans cette boite tellement trop grande pour moi, que le type qui nous avait tous tués un à un avait lui même été abattu par un gars assis derrière lui. Ce dernier s'était levé et pan, lui avait mis une balle en pleine tête. Tu m'étonnes que la boite soit tombée et moi avec !

Apparemment, le tireur n'avait pas supporté le bruit de sa mastication. Il faut dire que c'était assez inélégant et que ce n'était pas évident pour pouvoir suivre le film. Encore que moi, je m'en fichais, je ne pouvais pas voir les images de là où j'étais et j'étais bien trop stressé à l'idée d'être le prochain grain de pop-corn à être englouti par ce goinfre. Tous mes potes y étaient passés. Sauf moi, tu parles d'une aubaine ! J'avais vu à maintes reprises sa main plonger dans la boite et en ressortir une poignée qu'il mettait avidement dans sa bouche immense en mâchant et déglutissant à grand bruit. Selon la police, un gus en avait eu ras le bol qu'on lui gâche ainsi son film et lui avait dit sa façon de penser. Le fameux "Tu croyais que tu allais encore nous emmerder longtemps comme ça ?" que j'avais entendu juste après m'être cassé la gueule.

Finalement, ça ne changeait pas grand chose pour moi. Je n'avais pas été dévoré par cette gueule béante, mais j'allais finir très probablement dans une poubelle dès que la femme de ménage viendrait faire son petit tour. A moins que la police ne me garde comme pièce à conviction. J'aurais l'air bien, tiens, confiné au chaud dans un sachet plastique ! Enfin, c'est ma vie, quoi ! Au début, c'est le pied, on pousse en pleine nature, baigné par le soleil ou les pluies, on a une belle couleur jaune orangé. Et puis quand on parvient à échapper au bec de la poule ou à l'estomac des humains, on finit cramé et caramélisé ! Vous parlez d'un avenir ! Moi, je suis résigné de toute façon... Allez hop, faites de moi ce qu'il vous plaira, messieurs-dames, gobez-moi, mangez-moi, cramez-moi, laissez-moi à même le sol d'un ciné comme une merde, je m'en fous... Voilà, c'est dit...


Cette petite histoire est authentique. Les grains de pop-corn ont existé et ont effectivement "causé" la mort d'une personne. Samedi dernier, à Riga en Lettonie, un homme qui mastiquait trop bruyamment son pop-corn a été abattu par son voisin à l'issue de la séance alors que le cinéma programmait "Black Swan" de Darren Aronofsky avec Natalie Portman.

Il n'y a que pour le petit grain de pop-corn survivant que le doute est permis. Et encore...

Le monde est fou, on vous dit...


(cliquez pour agrandir, MAJ du 16/11/2011)
L'article de presse est également visible ICI


lundi 17 octobre 2011

La BD du Lundi : Dan Cooper










Je vais être honnête : il y a très longtemps que je n'ai pas lu de Dan Cooper. Et si je suis sûr d'avoir lu les 3 albums ci-dessus, je ne suis pas certain d'en avoir lu davantage (la série compte quand même 41 tomes). Mais je ne pouvais pas ne pas rendre hommage au papa de Dan Cooper, Albert Weinberg, qui nous a quittés le 29 septembre dernier. 

D'abord, parce que Dan Cooper m'aura quand même beaucoup marqué au travers de ces 3 volumes, surtout avec Opération Kosmos 990 dont la simple vision de la couverture a eu un effet madeleine de Proust en moi. Je suppose plus vraisemblablement que, gamin ou jeune ado, je tentais de reproduire au crayon bon nombre de ses appareils.

Ensuite parce que j'ai toujours de la tristesse quand de grands conteurs d'histoires s'en vont et nous laissent finalement un peu orphelins. Je crois que Albert Weinberg n'a eu de cesse de raconter des histoires, d'embarquer ses lecteurs dans des aventures forcément mouvementées et donc passionnantes. 

Enfin parce que certaines personnes rendent très attachantes, au travers de leurs mots, des personnalités dont nous ne connaissons finalement pas grand chose. J'ai ainsi été particulièrement ému par l'hommage que lui a rendu Achdé, un hommage tout en émotion et retenue. Un beau moment où il raconte cette affection toute particulière pour celui qu'il aimait comme un grand-père et où il relate avec tendresse les innombrables séances de dédicaces  si riches d'anecdotes et dont Albert Weinberg semblait si friand.

Albert Weinberg s'en est allé. Il avait 89 ans et une âme d'enfant. Bon vent, l'artiste ! 


samedi 15 octobre 2011

Le Dessin du Samedi

(cliquez sur les images pour agrandir)




Comme je n'étais pas là ce week-end (ce qui ne m'empêchera pas de dater ce billet du samedi pour ne pas perturber l'aspect dorénavant très rangé de ce blog), je n'ai pas dessiné quoi que ce soit. Heureusement, j'avais sous les fagots ce Spidey fait en juillet dernier. Et au rayon inédits, je rajoute en prime un Gaston Lagaffe pas tout jeune puisqu'il date de décembre... 1999 ! 

Pour le reste, il s'agit de dessins que certains ont déjà pu apercevoir sur mon précédent blog (mais en cherchant bien). L'avantage, c'est que l'on peut tous les agrandir en cliquant dessus, ce qui n'était pas le cas précédemment où seule la première illustration était cliquable. Enfin... un avantage, je ne sais pas trop... Au moins, aucun des nombreux défauts ne vous échappera ! Pèle-mêle, nous avons : 




Deux "planches" de Goldorak de 2001.



Un X-Men que je daterais de la même époque, à vue de nez puisque pas signé.




Deux mannequins piochés dans la presse people (ou dans le magazine Photo) en 1993. Je ne m'attachais pas à une quelconque ressemblance à cette époque là, il s'agissait surtout d'être fidèle à une posture, mais il me semble bien qu'il s'agissait de Monica Bellucci et de Iman, la future femme de Bowie.



Un petit Capitaine Crochet pas content, d'après Loisel, en 2002.





Aaaah... Rahan, le fameux fils des Âges Farouches, toute mon enfance. Un hommage qui ne nous rajeunit pas... 1997 quand même !


Pour finir, une petite Chihiro, croquée en... c'est une bonne question... je dirais 2006 vu que c'est à cette époque que j'essayais d'apprendre Photoshop sans jamais y arriver. Je n'ai jamais assimilé le principe des calques, donc à partir de là, c'était foutu ! 

Allez, la semaine prochaine, ce sera un dessin inédit réalisé de ma petite main gauche dans la semaine. En espérant ne pas être trop gauche tout court ! 


lundi 10 octobre 2011

La BD du Lundi : Le Schtroumpfissime (version 2011)



Pour démarrer cette rubrique, j'ai choisi de mettre en avant un album incontournable selon moi : Le schtroumpfissime. 

Considéré par beaucoup comme le meilleur tome de la série, il n'est en fait, chronologiquement, que le 2e album des Schtroumpfs, en 1964. Il faut dire que jusqu'alors les schtroumpfs sont surtout apparus dans les aventures médiévales de Johan et Pirlouit. Leur popularité n'a cessé de croître, allant jusqu'à faire de l'ombre à Johan et Pirlouit qui était pourtant jusque là la série préférée de Peyo.




Critique acerbe du pouvoir mais sur des ressorts forcément humoristiques, le scénario doit davantage, par les thèmes qui y sont abordés, à Yvan Delporte qu'à Peyo. Mais seul le nom de Peyo est crédité car à l'époque, Delporte est déjà rédacteur en chef du journal de Spirou et il ne souhaite pas avoir une casquette officielle de scénariste. Pour être complet, il faudrait ajouter Derib qui a signé les décors et les encrages, ce qui n'est pas rien.

Alors que le grand schtroumpf doit s'absenter pour aller chercher un élément indispensable à l'une de ses nombreuses potions, la bataille fait très vite rage pour savoir qui sera désormais le plus à même de commander le village. D'une campagne électorale où toutes les manipulations sont permises, à l'anarchie la plus totale lorsque le schtroupfissime est déchu, en passant par un règne s'apparentant très clairement à un régime dictatorial (recrutements de force, emprisonnements...), le livre surprend sans cesse, surtout si on garde à l'esprit que c'est un ouvrage estampillé "jeunesse".

Tout y passe : les menaces, la séduction, la manipulation, la flagornerie, le bagout... et le tout est un régal. Il faut dire que le plaisir est également graphique avec les superbes planches de Peyo, assisté de Derib, toujours très claires et donc parfaitement lisibles.




Mais les schtroumpfs restent les schtroumpfs. Donc tout est bien qui finit bien, forcément. Tout juste peut-on regretter une fin un peu précipitée où le simple retour du Grand Schtroumpf suffit à apaiser toutes les tensions et à ramener paix et joie de vivre au sein de la joyeuse troupe des lutins bleus.

Mais pour le reste, c'est vraiment un tome excellent. Le schtroumpfissime a été réédité cette année par Dupuis dans une superbe version à se procurer d'urgence, très largement agrémentée d'anecdotes en tout genre par Hughes Dayez pour un résultat extraordinaire et pour un prix vraiment raisonnable au regard des éclaircissement apportés sur l'histoire proprement dite mais aussi sur l'univers des schtroumpfs et de Peyo.
D'autant que la version "2011" ne sera pas réimprimée. 

Donc, à moins d'être réfractaire aux petits "bonshommes  bleus", vous savez ce qu'il vous reste à faire !