samedi 28 novembre 2015

Le dessin du samedi



Allez, hop, 18 pour le prix d'un cette semaine ! 17 invités aux 40 ans de Nath, chacun est reparti avec son petit dessin, idem pour la maîtresse de cérémonie évidemment ! Ça valait bien un léger antidatage de billet du dimanche au samedi ! 



















dimanche 15 novembre 2015

L'écrit du Dimanche : Marie (2)

Chapitre 2

Je n’arrivais pas à croire que je m’apprêtais à passer ma première nuit en prison. Mais si je décidais de voir le verre à moitié-plein, cela me permettait au moins de faire le point sur les évènements de cette journée.

D’abord, les mauvaises herbes ont la vie dure. Ou alors je m’étais montré un poil trop optimiste. Il faut dire que la quantité de sang dans la chambre avait de quoi impressionner. D’ailleurs, j’avais illico tourné de l’œil. Sauf que Frédéric n’avait pas été lardé de dizaines de coups de couteau mais de huit. Un chiffre plus qu’honorable mais pas suffisant visiblement pour le faire passer de vie à trépas. Il n’était certes pas sorti d’affaire pour autant, ses blessures étant jugées comme très sérieuses, mais il était vivant. Il serait sans doute mort si je n’avais pas perdu connaissance mais Marie avait du paniquer en me voyant à terre et s’était résolue à appeler les urgences et la police plutôt que de me filer quelques claques. Parce que moi, je l’aurais laissé macérer dans son jus.

Je m’étais donc réveillé dans une chambre d’hôpital au bout d’un laps de temps assez confus à estimer, entouré de deux policiers désireux de me poser plein de questions. Marie n’était pas dans la pièce et je me doutais bien qu’elle devait subir au commissariat un interrogatoire en bonne et due forme. Les prochains jours ne seraient pas faciles pour elle. Elle aurait du mal à plaider la légitime défense vu le nombre de lacérations portées. Un coup de folie pourrait expliquer l’acharnement mais elle serait alors condamnée à errer dans les couloirs d’un asile psychiatrique, gavée de médocs, pour une vie guère plus enviable que la prison. En fait, elle quitterait une prison pour une autre où elle serait à peine plus vivante. Mais nous n’en étions pas encore là. Je lui trouverais un avocat avec lequel nous envisagerions toutes les options. Cette fois, je serais avec elle. Je n’avais pas su lire sa détresse, sa solitude, ses peurs. Je n’avais pas été là. Je tenais là l’occasion de racheter mes erreurs. Rien ne serait simple mais nous serions ensemble.

Voilà dans quel état d’esprit j’étais quelques instants après mon réveil à l’hôpital.
Quelques heures plus tard, entre les quatre murs de cette prison, il avait quelque peu évolué et laissé place à une profonde perplexité. Je n’avais toujours pas revu Marie.

J’avais simplement été informé qu’elle m’avait accusé des blessures infligées à son compagnon.

A suivre…

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dimanche 8 novembre 2015

L'écrit du Dimanche : Marie (1ère partie)



Lorsque je lui pris les mains, elle se raidit et je compris instantanément que mes doutes étaient fondés. Elle esquissa un mouvement de recul tandis que son regard désormais effrayé scrutait le mien. Je lui souris et déliai mes mains d’entre les siennes. Le silence qui s’ensuivit dura plusieurs minutes où son regard ne se détacha pas du mien.
-Tu savais, me dit-elle enfin. Dans sa voix et son intonation, ce n’était pas une question.
-Disons que j’avais plus que des doutes, soupirai-je.
Je n’étais pas à l’aise. Je connaissais Marie depuis l’enfance, nous avions même vécu ensemble pendant 3 ans, elle était la personne que je pensais connaître le mieux. Pourtant, j’avais mis des mois à n’avoir ne serait-ce qu’une volute de soupçon.

Je me rendis compte que des larmes coulaient sur mes joues, presque imperceptibles, lorsque Marie, avec une douceur infinie mêlée d’appréhension contenue, m’enserra de ses bras et se blottit contre moi.
-Tu n’es pas responsable, souffla-t-elle d’une voix à peine audible tandis que son étreinte s’affirmait un peu plus et que ses propres sanglots silencieux se mêlaient aux miens.
-Je n’ai rien vu venir, répondis-je. Je… Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu être aussi…
Son index posé sur ma bouche m’interrompit.
-Chut. Il ne s’agit pas de refaire l’histoire. Je suis sortie de ta vie comme je suis sortie de celle de tant de gens autour de moi. Tu n’as rien à te reprocher. Tu as essayé d’appeler tant de fois. C’est humain que tu te sois lassé. Que tu n’aies pas compris mes silences. C’est précisément ce que je voulais. Je m’étais mise dans cet enfer toute seule, je n’allais pas l’infliger à d’autres. Cela aurait été vous  exposer. Il vous aurait tué s’il avait su. Il m’aurait tuée aussi d’ailleurs…

Ces derniers mots furent de trop. Elle s’effondra en larmes dès qu’elle les eut prononcés. Puis son regard vira au noir et elle se reprit :
-C’est pour ça que je t’ai appelé.
-Où est-il ? La coupai-je. Tout ceci n’avait probablement que trop duré. Marie m’avait appelé. Elle m’avait enfin appelé. J’allais pouvoir être là pour elle comme j’aurais dû l’être depuis des mois. J’allais le retrouver et lui faire passer le goût du pain à cet enfoiré.
-Dans la chambre. Sur le lit.
-Dans la cham… ? Répétai-je machinalement avant que la brume dans mon esprit ne s’estompe. Puis je me ruai vers l’escalier que je gravis quatre à quatre.

Sur le lit dégoulinant de sang, le corps de Frédéric lardé de dizaines de coups de couteau fut la première et dernière chose que je vis avant de perdre connaissance.


A suivre…

samedi 7 novembre 2015

Le dessin du samedi : Spiderman par Romita père et fils


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Bon. Me voilà en pétard et avec, de surcroît, un billet en retard (non seulement ça rime mais comme en plus je vais antidater ce billet, vous n'y verrez que du feu).

J'ai essayé de me remettre au dessin mais une dizaine de boules de papier froissé plus tard et des nerfs désormais à vif, je dois me rendre à l'évidence : je ne sais pas dessiner. Même reproduire sans génie est devenu en dehors de mes capacités. J'ai essayé plusieurs trucs mais pas moyen de me satisfaire de quoi que ce soit. Reproduire pour reproduire sans la moindre technicité ne m'amuse plus et, pire, me frustre énormément. Dessiner est devenu une contrainte et même un déplaisir.

Alors désormais, le samedi, je mettrai en lumière une planche, un dessin, une esquisse qui me plait particulièrement. Voire un artiste. Parfois, je coucherai quelques mots dessus, souvent je laisserai l'oeuvre se suffire à elle-même.

Comme aujourd'hui et ça tombe bien puisque je n'ai pas envie de m'étendre, faute de bonne humeur ce soir. Je vous laisse donc avec un Spiderman que je trouve en tous points sublime, signé par les deux pinceaux les plus talentueux de l'univers Marvel : John Romita Sr et John Romita Jr.

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jeudi 5 novembre 2015

La BD du Jeudi : Une Nuit à Rome




Lorsque j'ai assisté mercredi dernier à l'ouverture de Bulles de Papier dans leurs nouveaux locaux, j'ai pris plusieurs heures dans le magasin à la recherche d'un coup de cœur. Finalement, je suis tombé sur le diptyque Une Nuit à Rome. La beauté du dessin m'a aussitôt saisi. Mais le titre que je pensais renvoyer à une bluette sentimentale indigeste me faisait hésiter. Je n'étais pas contre un peu de sentimentalisme sirupeux mais je voulais quand même qu'il y ait une intrigue. Un des vendeurs m'a conseillé de ne pas m'arrêter à cette première (mais fausse) impression. Alors, entre autres petites pépites, je suis reparti avec les deux tomes sous le bras. Quand j'ai présenté mes achats sur Facebook, mon ami François-Marie s'est juste fendu d'un "excellent" encourageant vu que nous n'avons pas forcément les mêmes goûts en matière de BD. Bref, ça se présentait bien.




Au final, l'histoire n'a rien d'une bluette, premier soulagement,même si elle fait la part belle aux sentiments, qu'ils apaisent ou qu'ils tiraillent, qu'ils façonnent ou qu'ils détruisent. Pour le côté sirupeux, on repassera aussi. Deuxième soulagement.La phrase qui accompagne l'affiche présentant les deux volumes est un parfait résumé du pitch. Inutile de trop en dire d'ailleurs. Raphaël et Marie se sont rencontrés à 20 ans. Etant nés le même jour, ils se sont jurés de se retrouver pour leurs 40 ans et de passer une nuit ensemble. Vingt années ont passé et Marie, par le biais d'une VHS témoin de leur promesse, se rappelle aux bons souvenirs de Raphaël qui a entretemps refait sa vie. 




Dans une interview, Jim (qui a ici les deux casquettes de scénariste et dessinateur) disait qu'il se considérait avant tout comme un auteur et que l'aspect dessinateur n'était qu'un complément. D'ailleurs, il n'est pas rare qu'il laisse le soin du dessin à d'autres. Toujours est-il que quand on voit le travail accompli sur Une Nuit à Rome, sublimé il est vrai par la mise en couleur très inspirée de Delphine, on est proche de la perfection. Chaque plan, chaque découpage, chaque paysage, chaque expression sont autant de moments de grâce propres à installer une atmosphère tour à tour sensuelle, drôle, tragique, intimiste, festive... Une valse qui donnerait presque le tournis tant on est happé dans ce carrousel de sentiments.




Et c'est là qu'intervient tout le génie de Jim, scénariste. Arriver à poser des mots comme il le fait sur nos questionnements, nos peurs, nos tentations, nos désirs, nos bravoures, nos lâchetés, nos fêlures, nos doutes, nos certitudes... relève d'un réel tour de force  que l'on oublierait presque tant l'ensemble est cohérent et semble couler de source. Car au travers de l'histoire non seulement de Marie et Raphaël mais aussi de toutes ces personnes qui gravitent autour d'eux et qui n'en sortiront pas indemnes, Jim s'adresse aussi à nous, nous renvoyant à nos propres interrogations et nos propres cheminements sinueux . Et si l'on est quadra comme moi, il y a forcément quelque chose qui se passe, aussi différent soit notre vécu de celui de Raphaël (ou de celui de Marie si on est une femme). Bref, une écriture intelligente, sensible, cruelle aussi mais toujours juste.




Je pourrais parler pendant des heures de ce très gros coup de cœur (je pense ne pas avoir ressenti quelque chose d'aussi fort depuis Magasin Général) mais cela ne ferait qu'alourdir mon propos. Simplement, je recommande bien évidemment hautement la lecture d'Une Nuit à Rome. J'ai vécu un grand moment de lecture et je pense que je vais désormais explorer un peu plus l'univers de Jim. Je ne suis pas certain qu'il puisse me surprendre ou m'embarquer à chaque fois, surtout s'il n'est pas systématiquement aux crayons, mais je demande quand même à voir. En tout cas, quelle claque ! 



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