lundi 28 décembre 2015

Thierry Coquelet, l'artiste au style haut !


(cliquez sur les bôôôô dessins pour agrandir)

Thierry Coquelet est (entre autres) un caricaturiste de talent qui, souvent armé de son seul stylo-bille, fait de petits miracles sur son blog Les Utopies parallèles

Je pense, mais je peux me tromper, l'avoir découvert par l'entremise du non moins talentueux Jim Maëster. Ce dernier avait rendu hommage au regretté Claude Chabrol et avait invité ses lecteurs à voir la version de Thierry Coquelet. Et là, une grosse claque ! Vraiment. Autant je n'étais pas un familier des films du réalisateur (à quelques exceptions près), autant j'adorais l'écouter parler dès qu'il était invité dans une émission de télévision. Donc sa disparition m'avait vraiment attristé. Et avec ce dessin, il se passa quelque chose que je ne me souviens pas avoir déjà ressenti : l'oeuvre était tellement fidèle à l'essence même du personnage telle que je me l'imaginais que la tristesse de son départ en fut décuplée. Depuis, il y a tous les dessins de Thierry Coquelet et puis il y a celui-là, vraiment à part et tellement émouvant. Depuis, surtout, je suis un grand admirateur de son travail. Je ne parcours pas nécessairement son blog de façon très régulière mais à chaque fois c'est l'assurance de passer un bon moment.

J'ai contacté Thierry pour l'informer que j'aimerais bien lui consacrer un petit billet sans prétention ni technicité aucune. Juste quelques ressentis sur quelques dessins dont le choix est forcément subjectif. J'aurais pu en sélectionner d'autres mais ceux qui suivent ont un écho particulier en moi, soit parce que le résultat final me semble juste beau (et qu'y a-t-il de plus subjectif que la beauté ?) soit parce qu'ils renvoient (tout en étant beaux aussi) à des univers (séries, cinéma...) qui me sont familiers. Hormis le Chabrol que j'ai volontairement souhaité voir figurer tout en haut de ma sélection, les autres caricatures n'ont pas d'ordre particulier. Je vous souhaite simplement de prendre du plaisir en les regardant, plaisir que je vous invite ensuite à prolonger via son blog. Je finirai cette longue "introduction" en disant que Thierry s'est montré particulièrement bienveillant à mon égard, me laissant une totale liberté d'utilisation de son travail. Un grand merci à lui. Allez, c'est parti ! 


Je ne suis pas aussi fin connaisseur en westerns que la fine équipe de Wanted mais La Dernière Séance, lorsque j'étais gosse ou ado, était un rituel auquel je ne pouvais absolument pas me soustraire. Je buvais les mots de M'sieur Eddy et, n'ayant pas classe le lendemain, je me délectais des deux films proposés. J'en aurai vu passer des stars dans mon salon dont Claudia Cardinale, sublime sous le stylo de Thierry Coquelet. Je vous préviens, je risque de souvent me répéter : je ne comprends pas comment on arrive à un tel degré de finesse et de maîtrise avec un simple stylo-bille. Du coup, chaque émerveillement fait place à un autre. C'est bien de rester dans l'ignorance parfois ! 


Ingrid Bergman, je l'aurais choisie ne serait-ce que pour ce regard magnifique. Et puis j'ai regardé, il y a peu, Casablanca que, honte à moi, je n'avais jamais vu. Quel magnétisme, quelle séduction chez cette femme ! 


Jayne Mansfield, je ne suis pas certain de l'avoir jamais vu jouer ! Mais comme elle est superbe et que je tenais vraiment à élever le débat ! (à dessein, donc, vous l'avez compris)


Larry Hagman, cela peut faire sourire, mais sa disparition en novembre 2012 fut un mini traumatisme pour l'inconditionnel que j'étais de Dallas. Surtout que les hommages ne se bousculèrent pas au portillon. Heureusement que les caricaturistes s'étaient donné le mot pour témoigner de leur sympathie envers l'infâme JR Ewing ! Le JR façon Thierry Coquelet, si classique et en même temps si "Dallas" a vraiment de la gueule. Et si vous voulez savoir pourquoi Larry s'est retrouvé tout en bleu, l'explication (avec les jeux de mots qui vont bien), est ICI


Je ne suis pas familier de l'oeuvre de Lauren Bacall mais il se dégage de ce dessin un "je ne sais quoi" qui a aussitôt capté mon regard. Sans doute le sien ! 


Je parlais plus haut de cet émerveillement devant la finesse du trait de Thierry et je trouve que cette Marlène Dietrich symbolise parfaitement cette impression. Élégance de l'actrice, élégance de la pose, élégance du trait, le résultat ne pouvait être que grandiose. L'un de mes préférés artistiquement et techniquement.


Comme beaucoup, j'ai longtemps été amoureux transi de Michelle Pfeiffer. Alors, quand Thierry la rappelle à mon bon souvenir, je ne peux que fondre, forcément !


Columbo alias Peter Falk, j'ai toujours adoré, même sur la fin où les enquêtes n'étaient pas bien palpitantes. L'âge d'or de la série, avec ses guest stars de renom, aura laissé une trace indélébile en moi. Les contributions notamment de Patrick McGoohan, Martin Landau et de Faye Dunaway m'auront laissé sans voix. Quant aux hommages signés Thierry Coquelet, impossible de réellement choisir bien que le côté "j'allais oublier" du second soit du Columbo pur jus. Même si, pour moi, la plus belle représentation du lieutenant à l'imperméable reste celle de Jean-Marc Borot, irrésistible ! 


Sydnet Lumet, j'adore certains de ses films mais alors je ne savais pas du tout à quoi pouvait ressembler le réalisateur de Douze hommes en colère et Serpico. Sauf qu'ici, cela n'a guère d'importance car le dessin m'a happé dès que je l'ai vu. J'adore ce visage et le mélange d'humanité et de sympathie qui s'en dégage. Quant à la ressemblance, elle est sans doute là mais je n'ai même pas envie d'aller voir et d'avoir un avis là-dessus. Le simple plaisir des yeux me suffit amplement. Bref, j'adore ! 



Ce choix juste pour montrer, s'il en était besoin, combien Thierry Coquelet a un éventail extrêmement large dans le panel de ses influences. Des artistes, des personnes ou personnages de tous horizons, Thierry ne s'interdit rien, essaie beaucoup et épate souvent. La variété de son blog est l'assurance de ne jamais s'ennuyer. J'adore le regard de Stendhal ! 


Baudelaire, un petit plaisir tout personnel. Il a longtemps été mon poète préféré et je veux croire que, quelque part, il l'est encore. Mais au lycée, une prof me l'a servi à toutes les sauces en m'imposant des points de vue qui n'étaient pas les miens et que je considérais comme autant d'agressions de ma perception de son univers si foisonnant. Du coup, elle a presque réussi à m’écœurer d'un artiste que je dévorais pourtant avidement. J'espère qu'un jour, Baudelaire me reviendra. Celui de Thierry m'y aidera peut-être ?


Amicalement vôtre, tout un programme ! J'adore quand un effet madeleine de Proust se manifeste simplement de par l'impact émotionnel d'un dessin. Les bisbilles Wilde / Sinclair : juste inoubliables ! Et ce générique, culte ! 


L'un de mes préférés tous genres confondus. J'adore le Hercule Poirot de David Suchet et j'adore comment Thierry Coquelet a chopé le détective belge dans une mise en scène sobre mais hilarante et pleine de malice. La caricature parfaite selon moi ! 


Un fantastique Mark Twain toutes moustaches dehors qui montre une nouvelle fois le travail d'orfèvre effectué au stylo-bille. Je n'ai pas osé demander à Thierry le temps qu'il passe sur ses dessins, je me doute bien que ce doit être très variable, mais arriver à un tel degré de précision sans se brûler les yeux, ben moi, je voudrais bien comprendre ! 


L'une des passions de Thierry Coquelet est le dessin et je trouvais intéressant de vous montrer ce qu'il était capable de faire sur ce registre-là. Avec le Claude Chabrol, il y avait déjà un mix très intéressant entre caricature, BD et cartoon. En tout cas, la demoiselle croquée ne manque pas de charme ! 


Charlotte Rampling, je tenais absolument à ce qu'elle figure parmi mes choix, d'une part parce que je la trouve superbe sous les traits de Thierry (quels yeux et quelle prestance ! ) mais aussi parce que, pour moi, elle est actuellement synonyme d'un magnifique duo sur le dernier album éponyme d'Alain Chamfort. Le morceau s'appelle Où es-tu ? et même après plusieurs mois d'écoute, je ne m'en lasse pas ! Tout l'album de Chamfort est superbe d'ailleurs.


Je termine (parce qu'il faut bien terminer quelque part) avec Simone Signoret. Je ne connais probablement d'elle que Le Chat avec Gabin et, sans ironie, je n'aurais jamais pensé qu'elle ait pu être aussi jolie plus jeune. Toujours est-il que là-encore, le dessin dans son ensemble m'a happé : la finesse des traits, le jeu des ombres et des lumières, la qualité des noirs, le charme presque diaphane du modèle...

Voilà, j'espère que vous aurez pris plaisir à découvrir ou redécouvrir Thierry Coquelet. J'espère ne pas avoir été trop pompeux, trop long, trop maladroit. Comme je le disais à Thierry lors de notre échange initial par mail, trouver les mots envers un artiste que l'on admire profondément
sans le connaître personnellement n'a rien de bien aisé. Reste la sincérité qui aura guidé mes mots tout au long de ce billet. Je vous laisse avec une ultime curiosité, le dessinateur en action ! Belle semaine à toutes et tous ! 
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jeudi 3 décembre 2015

La BD du Jeudi : De beaux moments mais imparfaits




J'avais évoqué pas plus tard que le mois dernier le plaisir que j'avais eu à récemment découvrir le diptyque "Une nuit à Rome" signé par le couple Jim (scénariste / dessinateur) et Delphine (coloriste). Un gros coup de cœur, une vraie claque graphique, une histoire séduisante sous bien des aspects. Du coup, je décidai de ne pas en rester là et de me jeter sur le dernier titre du duo, De beaux moments, disponible dans toutes les bonnes librairies.


Problème : De beaux moments ne m'a pas emballé. L'idée de ces saynètes, de ces tranches de vie, de ces instantanés, était pourtant séduisante sur le papier mais passé le plaisir de retrouver ce dessin si caractéristique et terriblement attirant, je suis un peu resté sur ma faim. Il y a pourtant de très belles choses à mon sens (l'histoire du père qui songe à ses enfants devenus adultes et dont le souvenir qu'il a d'eux en bas âge lui rappelle que ces moments sont révolus ; la scène hilarante autant que surréaliste du père qui offre de bien étranges cadeaux pour Noël ; les illusions des réseaux sociaux ; le plaisir de retrouver Marie même si sans vraiment de surprise donc sans guère d'émotion). Et puis il y a ces moments où il ne se passe rien, ou si peu, ces moments qui pourraient nous emporter et qui nous laissent un peu à quai. Ces moments qui se voudraient poétiques et qui le sont sans doute mais qui sont tellement devenus la marque de fabrique de Jim qu'on lui en voudrait presque de nous balancer des lieux communs à chaque page.


En fait, plus que de déception, j'ai surtout envie de parler de frustration. Jim s'endort un peu sur ses lauriers sur ce coup-là. Le récit sur l'évocation des pères est pour moi le parfait exemple de cette frustration ressentie. On avait là un sujet en or mais hélas le propos est lourd, les dialogues interminables, avec une émotion qui finit par retomber alors que l'on aurait tant aimé se laisser embarquer. Jim cherche à poser des mots sur des émotions mais il n'y arrive pas avec le même panache que pour Une Nuit à Rome. C'est d'autant plus dommage que son sens de la mise en scène, lui, est toujours de très haute tenue.


Après, ne prenez pas mes critiques individuelles comme une remise en cause de la qualité de l'album. Parce que ces saynètes sont différentes, chaque lecteur aura ses préférences ou ses déceptions, forcément différentes des miennes. D'ailleurs, je ne regrette pas mon achat, d'abord du fait du dessin superbe de Jim magnifié par les couleurs de Delphine. Ensuite parce qu'il y a quand même de bien belles choses écrites ici. Enfin parce que je vais m'autoriser quelques relectures. Je suis bien persuadé qu'à chacune d'entre elles, une humeur différente, une perception différente feront que mon avis divergera forcément. Je serai peut-être finalement embarqué par des histoires qui m'ont ce soir laissé de marbre. Et peut-être que celles qui m'auront ému ne me procureront plus le même plaisir de lecture.

Vous savez quoi ? Faites-vous votre propre opinion ! Ce ne sera pas un achat vain, de toute façon. Et n'hésitez pas à vous procurer le dernier Casemate, magazine de référence sur la BD : Jim y est à l'honneur ! 

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