mercredi 27 juillet 2016

Hägar Dünor



Aujourd'hui, zoom sur une série géniale, Hägar Dünor, qui a fait les plus belles heures du Journal de Mickey, entre autres, comme dans la planche ci-dessous (cliquez sur les vignettes pour agrandir) : 


Elle ressort cette année dans une édition de toute beauté, présentée comme une intégrale en 3 tomes. Autant dire que vu la production de son auteur, le terme d'intégrale sera sûrement impropre mais peu importe : le plaisir à la lecture de ces strips est tel que je n'ai même pas envie de chipoter sur ce détail néanmoins d'importance. A moins que l'éditeur ait volontairement choisi de s'en tenir aux premières années, le premier tome couvrant les strips parus en 1973 et 1974. On verra bien...



Accessoirement, Hägar Dünor était la solution de l'énigme de la semaine passée. Je vous rappelle les indices qui seront expliqués tout au long de ce billet.

Je fleure bon Paris mais seulement en VF
Mon nom vient du surnom de mon auteur
Je suis une BD qui se transmet de père en fils
Si mon fils est un utopiste pacifiste, ma fille montre d'autres dispositions
Multi-publié, je fais le bonheur encore aujourd'hui des lecteurs d'un journal local, et ce depuis plusieurs décennies.



Si en version originale, le titre de l'oeuvre est Hägar The Horrible, en France les traducteurs se sont fait plaisir avec un jeu de mots fleurant bon Paris : Hägar Dünor. Je ne suis pas sûr d'avoir fait le rapprochement quand j'étais môme.




Je l'ai dit plus haut : la version proposée par Urban Comics, dans le cadre de sa nouvelle collection Urban Strips, est de très haute tenue. Elle revient sur la genèse de la création du viking le plus célèbre du monde de la BD, expliquant notamment que le nom du personnage principal Hägar The Horrible est en fait le surnom que les enfants de l'auteur-dessinateur Dik Browne donnaient à leur père.


A ce titre, l'ensemble du petit dossier en préambule des gags est très agréable à parcourir, bien pensé et plutôt exhaustif. Un complément idéal sur l'historique de la série, agrémenté de quelques recherches et autres évolutions du personnage qui montrent surtout que Dik Browne, dès les premiers strips, avait une vision quasi-définitive de Hägar et de son microcosme.


Car tout ce qui fait le sel de Hägar Dünor, hormis Hägar lui-même et ses pillages autour du monde, réside dans la galerie incroyable de personnages gravitant autour de lui : de sa femme Hildegarde au caractère affirmé dirons-nous, jusqu'à son fils pacifiste qui ne sait même pas tenir une épée, en passant par sa fille guerrière ou son ami Eddie le chanceux doté d'une déveine incroyable, tous sont attachants et font partie intégrante de la réussite de la BD.


J'ai toujours été friand de ces gags en une bande (même si Dik Browne fera aussi des saynètes en une planche). Calvin & Hobbes et Garfield font notamment partie des BD que je mets tout en haut du panier, tous genres confondus (même si, quantité oblige, je n'ai finalement que peu de Garfield dans ma bédéthèque). Sauf que, mais c'est personnel donc forcément subjectif, Hägar Dünor est encore un cran au dessus pour moi. Ce qui n'aurait pu être qu'une madeleine de Proust de plus a été une vraie redécouverte, à un âge où je peux véritablement saisir toutes les subtilités de Dik Browne. Car c'est une série qui n'a pas pris une ride, avec des thèmes résolument modernes trouvant encore un écho aujourd'hui.


Et puis il y a ce dessin, tellement expressif, tellement efficace ! Je suis vraiment fan ! Dans un style certes différent (car je ne veux pas faire hurler les puristes, dont je suis d'ailleurs), Dik Browne a une puissance de trait qui me rappelle un peu celle de Franquin dans le sens où il m'arrive d'avoir des fous rires plus par l'expressivité des personnages sur une scène donnée que par la qualité de l'historiette proprement dite. Je pense d'ailleurs que si Franquin reste ma référence absolue avec l'éternel Gaston Lagaffe, Dik Browne pourrait être juste derrière. Bien-sûr, je suis dans le ressenti donc je répète que c'est un avis tout personnel que je donne.


Dik Browne s'est éteint à seulement 71 ans en 1989, un an après avoir pris sa retraite artistique. L'un de ses enfants, Chris Browne a pris le relais. Au final, la BD aura été publiée dans un grand nombre de journaux et magazines. En France, Hägar Dünor est notamment toujours publié aujourd'hui dans Le Républicain Lorrain, et ce depuis ses débuts en 1973. Mais comme je le disais en introduction, sa renommée vient surtout du fait de sa publication dans Le Journal de Mickey quatorze années durant.


Vous l'avez compris : c'est une BD que je fais plus que hautement recommander. Pour moi, elle est indispensable, surtout dans cette édition luxueuse mais abordable où le N&B est de toute beauté. Le tome 2 est attendu à l'automne 2016. C'est peu de dire que je suis impatient ! Je vous laisse avec quelques gags supplémentaires qui, je l'espère, vous donneront envie de vous plonger dans Hägar Dünor et son univers. Bonne lecture !





lundi 25 juillet 2016

En trompe l’œil (14)


(cliquez pour agrandir)

Elle revient du diable vauvert cette rubrique puisque je ne l'avais plus alimentée depuis... janvier 2011 ! Je vous en rappelle le principe simple : mon cousin Christophe, Titof pour les intimes et photographe à ses moments perdus, m'envoie une photo au hasard. C'est important, je ne la choisis pas. A partir de ce qu'elle m'inspire, j'écris une histoire courte. Le but est double : d'une part, ne pas refuser le challenge, quelle que soit la photo et surtout, surtout, entretenir la gymnastique de l'écriture quand on est, comme moi, régulièrement en manque chronique d'inspiration. Cela s'apparente donc davantage à un atelier d'écriture qu'à une production écrite qui se voudrait réellement intéressante. Bon, j'ai rédigé cette petite introduction pas bien intéressante non plus, pour vous resituer tout ça, mais dès la semaine prochaine, j'envoie direct ! C'est parti ! 

Vu de l'extérieur, le cadre est idyllique. Un endroit paisible qui fleure bon les vacances, une vue imprenable sur une mer bleu-vert du plus bel effet et un ciel azur qui n'est pas en reste, un banc tout en sobriété pour laisser l'esprit vagabonder.

Et puis il y a ce couple. Enfin, il me semble que c'en est un. Il a l'air tranquille, ce couple, à profiter de l'espace devant lui sans rien demander à personne. Ces gens, sont-ils simplement dans la contemplation ? Se posent-ils des questions ? Sont-ils heureux ou essaient-ils de s'en persuader ? C'est fou comme je m'en pose, moi, des questions, à simplement les regarder. Si ça se trouve, ils sont au bord de la rupture et leur histoire va s'arrêter ici, allez savoir ! Ce serait moche, quand même, ils ont l'air tellement mignon. 

C'est comme ce banc, là. Il est bizarre, vous ne trouvez pas ? Avec sa double assise qui fait qu'un côté tourne le dos à la mer. Pourquoi une double assise ? Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui trouveraient un endroit comme celui-là, une sorte de petit paradis sur Terre, et qui lui tourneraient le dos ? Il faudrait quand même être un peu con, non ? Enfin moi, vous savez, ce que j'en dis... Et puis même si des hurluberlus préféreraient imaginer la mer de dos que de la voir de face, vous croyez qu'ils oseraient déranger ce couple tellement touchant ? Ce couple qui ne fait de mal à personne alors que, si ça se trouve, il est au bord de l'implosion. Quand on arrive à donner le change à ce point, pour moi, c'est touchant, y'a pas d'autre mot ! 

Ce couple, je me demande quand même depuis combien de temps il est là. Et pendant combien de temps il compte encore rester. Je les aime bien les deux tourtereaux qui ne roucoulent quand même pas des masses, mais bon, faut que je vous dise : j'ai un problème parce que c'est mon banc. Ce n'est pas qu'il m'appartienne, non, mais je m'y assois tous les jours à cette heure-là donc c'est forcément devenu le mien. Alors oui, je veux bien le prêter aux passants qui passent, aux amoureux, ceux qui le sont, ceux qui l'étaient et le redeviendront, aux solitaires contemplatifs et j'en passe... mais quand j'arrive, faut vraiment que tout ce beau monde dégage. Parce que c'est mon banc. Alors il va me faire plaisir, le couple fadasse, là, il va aller se prélasser ailleurs. A l'extrême rigueur, je lui permettrai de tourner le dos à la mer. Si c'est demandé gentiment ! 
Parce que, quand même, c'est MON banc ! 

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