mardi 29 mai 2018

Ric Hochet : Comment réussir un assassinat ?



Il est là, enfin, le nouveau Ric Hochet ! Non pas qu'il se soit écoulé tant de temps que ça entre ce troisième tome et son prédécesseur mais Simon Van Liemt et Zidrou me régalent tellement depuis qu'ils se sont réappropriés la série phare d'André-Paul Duchâteau et du regretté Tibet que c'est un supplice de devoir à chaque fois attendre une nouvelle enquête du fameux détective. Heureusement, l'attente en valait la peine. En plus, mon libraire ayant reçu des goodies qu'il n'avait pas la place d'installer, j'ai tout récupéré : ça a de la gueule, non ?


Il faut dire que la seule évocation du titre annoncé "Comment réussir un assassinat ?" faisait déjà saliver tant cette simple phrase pouvait donner lieu à une multitude de possibilités. Zidrou ne déçoit pas en orchestrant une vague de crimes à grande échelle. En effet, les meurtres se multiplient depuis quelque temps, sur des modus operandi tantôt similaires, tantôt différents mais qui ont comme point commun d'avoir été consciencieusement préparés. Le coupable ? Un guide pousse-au-crime que l'on trouve dans plusieurs points de vente et qui réveille des instincts meurtriers chez certains. Mais qui se cache derrière cet ouvrage de mort ? Pour quelles obscures motivations ? Ric Hochet, toujours assisté du commissaire Bourdon et de Nadine, va mener l'enquête et ce ne sera pas, vous vous en doutez, une partie de plaisir.

La première partie est tellement extraordinaire de dramaturgie, où l'on voit des personnes on ne peut plus banales tenter de refouler leurs pulsions meurtrières tandis que d'autres ont déjà franchi le point de non-retour, que l'on est presque "déçu" que Ric Hochet (Bourdon en fait) mette aussi vite la main sur le fameux guide de meurtres parfaits. Mais c'était un passage obligé pour aller de l'avant et ainsi progressivement mettre en lumière des zones d'ombres nécessaires à l'avancée de l'enquête. Je ne vais pas en dire davantage mais l'ensemble est très fluide, très plaisant à lire, jusqu'à la révélation finale, ou même deux serais-je tenté de dire... Il n'est d'ailleurs pas dit que le crime ne paie pas, tant Zidrou fait preuve d'un certain cynisme lorsque les masques tombent.

Je l'ai dit, l'enquête est très plaisante, Ric Hochet étant efficacement secondé par Nadine dans ses investigations et les moments de bravoure ne manquent pas bien que la poursuite en voiture, clou visuel de l'album, ne soit pas à mon sens, scénaristiquement, forcément crédible, quand bien même son instigateur puisse garder une rancœur "légitime" envers Ric Hochet suite à une "bombe" éditoriale que je ne dévoilerai pas ici.

Si le scénario est une nouvelle fois impeccable, se permettant même le retour d'un personnage clé de la série originale, ce qui rajoute au respect de l'héritage de Tibet et Duchâteau notamment constaté dans le tome 1, "R.I.P Ric !", le dessin n'est pas en reste et gagne en expressivité. Simon Van Liemt, déjà très bon dans les deux premiers tomes, maîtrise de plus en plus son sujet et ses planches sont un régal pour les yeux. Et je retire ce que j'avais initialement dit sur Facebook, comme quoi je n'adhérais pas pleinement à la couverture de ce troisième opus. Non pas que je veuille à tout prix rédiger un billet exempt de réserves mais plus je regarde la couverture, plus je lui trouve un cachet incroyable. Et pour avoir vu la version sans lettrage montrée par le non-moins talentueux coloriste François Cerminaro, c'est vraiment une illustration de toute beauté ! 

Si à l'issue de ce billet, vous ne savez pas ce qu'il vous reste à faire, alors je ne peux vraiment plus rien pour vous ! 

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jeudi 24 mai 2018

Brindille fait feu de tout bois



Coup de coeur BD pour Brindille qui s'aventure pourtant dans des univers dans lesquels je ne vais pas d'habitude, entre féerie, communauté villageoise vivant au rythme de ses croyances, et forces du mal mystérieuses et ténébreuses à souhait. Je vais être honnête : je n'ai acheté initialement Brindille QUE pour le dessin sublime de Federico Bertolucci qui avait déjà très avantageusement flatté mes rétines avec la série LOVE dont je vous laisserai apprécier quelques visuels en fin de billet.




Au scénario, Frédéric Brrémaud surprend avec un pitch certes d'abord classique (une jeune fille sortie de nulle part, amnésique après avoir échappé à un feu sorti d'on ne sait où, cherche à savoir à tout prix qui elle est tout au long d'un parcours initiatique semé d'embûches) mais dont le traitement est tout sauf enfantin. Brrémaud rappelle ici, s'il en était besoin, combien son sens de la narration fait merveille (n'oublions pas comment il a su captiver en scénarisant la série LOVE pour un résultat pourtant sans aucun texte à l'arrivée). Au final, le premier tome de ce diptyque est extrêmement plaisant à parcourir, ne serait-ce que par la qualité des "seconds rôles", le loup en tête, et amène son lot de questionnements dont il reste à espérer que les réponses surprennent. Qui est Brindille ? D'où vient-elle ? Pourquoi est-elle poursuivie sans relâche ? Quelle importance auront les étincelles qui crépitent au dessus de sa tête ? Ayant par moi-même déjà tenté d'apporter quelques éléments de réponse à ces interrogations, j'espère vraiment faire fausse route car, le seul écueil auquel pourrait être confrontée cette BD remarquable dans sa première partie serait d'être prévisible dans sa seconde. On sera rapidement fixé puisque la suite et fin des aventures de Brindille serait attendue pour janvier 2019 au plus tard.




Et puis, il y a le dessin de Federico Bertolucci. Que dire ? Cet artiste dessinateur-illustrateur est un surdoué, gérant tout aussi bien dessins que mise en couleurs pour un rendu bluffant à chaque page. Pour cette série, il a exclusivement travaillé sur tablette graphique et le résultat laisse pantois. La mise en scène, le trait, les couleurs, les jeux de lumière, tout est remarquable de maîtrise et d'inventivité. Bertolucci s'y connait pour créer des atmosphères, des ambiances qui plongent immédiatement le lecteur dans ses univers graphiques et, une fois encore, il démontre qu'il est l'un des dessinateurs actuels les plus impressionnants. Je vais arrêter là sinon tous les superlatifs vont y passer. C'est un plaisir de chaque case pour les yeux.


Entre féerie, monde enchanteur, drôlerie de certaines scènes mais aussi moments de tensions, violence des combats et une certaine noirceur dès lors que les mystérieuses forces du mal entrent en scène, Brindille a trouvé un joli équilibre qui en fait une vraie belle surprise de ce printemps 2018. Parti comme c'est parti, peu de chance quand même que la suite ne soit pas du même tonneau. En tout cas, ne passez pas à côté de cette nouveauté très séduisante.

Pour finir, je vous laisse comme promis avec quelques planches (en vrac) de la série phare du talentueux duo Brrémaud / Bertolucci, LOVE qui retrace quelques instantanés de vie animalière, chaque tome indépendant des autres (4, série en cours) mettant en lumière un animal particulier : tigre, renard, lion et même... dinosaure ! C'est juste... magnifique !