lundi 13 août 2012

La BD du Lundi : New-York Trilogie

 (cliquez sur les images pour agrandir)

Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de Phil Cordier, de son blog passionnant et de ses 3 ouvrages de référence consacrés à Spiderman, The Spirit et Daredevil. Mais s'il y a vraiment une chose dont je lui suis particulièrement reconnaissant, c'est de m'avoir donné envie de découvrir l'oeuvre de Will Eisner dont j'ignorais tout. Après un premier contact avec Affaires de famille où une réunion familiale tourne rapidement aux règlements de compte (ouvrage que j'avais vraiment aimé mais dont j'avais regretté de ne pas en avoir eu un peu plus à me mettre sous la dent), j'ai embrayé sur du lourd avec New-York Trilogie qui regroupe en un seul volume les ouvrages La ville, L'immeuble et Les gens.

Dès le début de la lecture de La Ville, on est happé par le talent de dessinateur de Will Eisner. Personnellement, ça m'aura vraiment marqué. New-York sous toutes les coutures, des quartiers populaires aux quartiers plus huppés. New-York vue à partir d'une bouche d'égout, d'une bouche à incendie, d'en haut, d'en bas. Une multitude de saynètes comme autant d'instantanés de la vie urbaine où toutes les classes sont représentées, dans ce qu'elles ont de plus vrai, de plus drôle, de plus tragique, de plus pathétique aussi parfois. Will Eisner dépeint une société vraie mais toujours avec beaucoup de tendresse. A l'instar d'un Woody Allen dans ses films, Eisner aime New-York. Et c'est en la faisant vivre par le biais de ses habitants qu'il lui rend le plus bel hommage. La force de ces tranches de vie prises sur le vif est renforcée par un dessin réaliste et un encrage incroyables de maîtrise mais j'ai surtout été bluffé par la force de son découpage, de ses angles de vue. J'ai eu cette impression qu'il savait tout faire. Et puis, même si le format est celui de saynètes, Eisner est un conteur d’histoires remarquable. C'est passionnant, fluide, touchant.







Dans L'immeuble, Eisner s'intéresse surtout à un environnement en perpétuelle évolution et aux répercussions que ces pertes de repères peuvent avoir sur nos propres vies. On détruit des immeubles comme on arracherait des arbres. Des immeubles chargés de vie et d'histoire(s). On rompt des habitudes de vie pour en imposer d'autres. A un rythme tel que ça se passe dans la plus profonde indifférence, dans la plus grande normalité. Parce que le monde tourne vite. 





Enfin, Les gens, 3e partie de cette superbe intégrale, renvoie à l'anonymat qui touche tous ces gens qui grouillent, qui s'affairent, s'activent, vivent. Mais dans Sanctum, Pincus, le personnage principal de l'histoire, ne souffre pas de cet anonymat. Non seulement il n'en souffre pas, mais en plus il fait tout pour l'entretenir. Je ne peux pas cacher que je me suis un peu retrouvé dans ce personnage, malgré le paradoxe en ce qui me concerne d'une certaine dualité qui fait que je voudrais à la fois être transparent et en même temps bien plus visible que je ne le suis actuellement.






Je pourrais dire tellement de choses sur tout le bien de je pense de New-York Trilogie. Mais aimer particulièrement une oeuvre ne signifie pas trouver les mots qu'il faut pour faire envie ou pour dire ce que l'on ressent. J'ai pris une claque, voilà tout. Je possédais ce pavé depuis quelques mois maintenant et j'attendais LE moment où il me ferait un appel du pied pour que je m'y plonge dedans. C'est peu de dire que je n'ai pas été déçu et que l'ensemble de ces tranches de vie, comme le prisme de millions d'existences et donc forcément un peu de la nôtre, n'a pas fini de m'émouvoir. L'un de mes plus beaux achats, à bien mettre en valeur dans une bibliothèque ! 

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3 commentaires:

  1. Joli papier
    Et ravi de (maintenant) partager cette passion commune, pour ce géant

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    1. Merci Phil... et pourtant je crois que je n'ai jamais eu autant de mal à écrire un billet, à mettre des mots sur mes ressentis. Je ne pense d'ailleurs pas y être pleinement arrivé, mais ce qui est certain, c'est que j'ai vraiment eu "une révélation", ce qui ne m'arrive pas souvent. Et puis coller à ce point à des personnes, à des moments de vie, à tout ce qui fait l'essence même d'une ville, je crois que ce n'est pas donné à tout le monde. J'ai vraiment le plus grand respect pour Will Eisner et si je n'ai pas ton regard "technique" sur son travail, j'ai vraiment vécu une putain d'expérience ! Merci pour les recommandations. Prochaine étape : Le Spirit !

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  2. Hé hé, cool,
    le Spirit ne peut pas avoir la même accroche émotionnelle, il est d'un autre temps avec un mode narratif plus "pensé" (les autres livres sont intemporels) ca reste géant
    Les romans graphiques c'est autre chose. Il fait partie des (très) rares qui ont d'emblée (ado) parlé au moins autant à mon inconscient qu'à "l'analytique";
    New York est un chef d'oeuvre

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