lundi 28 décembre 2015

Thierry Coquelet, l'artiste au style haut !


(cliquez sur les bôôôô dessins pour agrandir)

Thierry Coquelet est (entre autres) un caricaturiste de talent qui, souvent armé de son seul stylo-bille, fait de petits miracles sur son blog Les Utopies parallèles

Je pense, mais je peux me tromper, l'avoir découvert par l'entremise du non moins talentueux Jim Maëster. Ce dernier avait rendu hommage au regretté Claude Chabrol et avait invité ses lecteurs à voir la version de Thierry Coquelet. Et là, une grosse claque ! Vraiment. Autant je n'étais pas un familier des films du réalisateur (à quelques exceptions près), autant j'adorais l'écouter parler dès qu'il était invité dans une émission de télévision. Donc sa disparition m'avait vraiment attristé. Et avec ce dessin, il se passa quelque chose que je ne me souviens pas avoir déjà ressenti : l'oeuvre était tellement fidèle à l'essence même du personnage telle que je me l'imaginais que la tristesse de son départ en fut décuplée. Depuis, il y a tous les dessins de Thierry Coquelet et puis il y a celui-là, vraiment à part et tellement émouvant. Depuis, surtout, je suis un grand admirateur de son travail. Je ne parcours pas nécessairement son blog de façon très régulière mais à chaque fois c'est l'assurance de passer un bon moment.

J'ai contacté Thierry pour l'informer que j'aimerais bien lui consacrer un petit billet sans prétention ni technicité aucune. Juste quelques ressentis sur quelques dessins dont le choix est forcément subjectif. J'aurais pu en sélectionner d'autres mais ceux qui suivent ont un écho particulier en moi, soit parce que le résultat final me semble juste beau (et qu'y a-t-il de plus subjectif que la beauté ?) soit parce qu'ils renvoient (tout en étant beaux aussi) à des univers (séries, cinéma...) qui me sont familiers. Hormis le Chabrol que j'ai volontairement souhaité voir figurer tout en haut de ma sélection, les autres caricatures n'ont pas d'ordre particulier. Je vous souhaite simplement de prendre du plaisir en les regardant, plaisir que je vous invite ensuite à prolonger via son blog. Je finirai cette longue "introduction" en disant que Thierry s'est montré particulièrement bienveillant à mon égard, me laissant une totale liberté d'utilisation de son travail. Un grand merci à lui. Allez, c'est parti ! 


Je ne suis pas aussi fin connaisseur en westerns que la fine équipe de Wanted mais La Dernière Séance, lorsque j'étais gosse ou ado, était un rituel auquel je ne pouvais absolument pas me soustraire. Je buvais les mots de M'sieur Eddy et, n'ayant pas classe le lendemain, je me délectais des deux films proposés. J'en aurai vu passer des stars dans mon salon dont Claudia Cardinale, sublime sous le stylo de Thierry Coquelet. Je vous préviens, je risque de souvent me répéter : je ne comprends pas comment on arrive à un tel degré de finesse et de maîtrise avec un simple stylo-bille. Du coup, chaque émerveillement fait place à un autre. C'est bien de rester dans l'ignorance parfois ! 


Ingrid Bergman, je l'aurais choisie ne serait-ce que pour ce regard magnifique. Et puis j'ai regardé, il y a peu, Casablanca que, honte à moi, je n'avais jamais vu. Quel magnétisme, quelle séduction chez cette femme ! 


Jayne Mansfield, je ne suis pas certain de l'avoir jamais vu jouer ! Mais comme elle est superbe et que je tenais vraiment à élever le débat ! (à dessein, donc, vous l'avez compris)


Larry Hagman, cela peut faire sourire, mais sa disparition en novembre 2012 fut un mini traumatisme pour l'inconditionnel que j'étais de Dallas. Surtout que les hommages ne se bousculèrent pas au portillon. Heureusement que les caricaturistes s'étaient donné le mot pour témoigner de leur sympathie envers l'infâme JR Ewing ! Le JR façon Thierry Coquelet, si classique et en même temps si "Dallas" a vraiment de la gueule. Et si vous voulez savoir pourquoi Larry s'est retrouvé tout en bleu, l'explication (avec les jeux de mots qui vont bien), est ICI


Je ne suis pas familier de l'oeuvre de Lauren Bacall mais il se dégage de ce dessin un "je ne sais quoi" qui a aussitôt capté mon regard. Sans doute le sien ! 


Je parlais plus haut de cet émerveillement devant la finesse du trait de Thierry et je trouve que cette Marlène Dietrich symbolise parfaitement cette impression. Élégance de l'actrice, élégance de la pose, élégance du trait, le résultat ne pouvait être que grandiose. L'un de mes préférés artistiquement et techniquement.


Comme beaucoup, j'ai longtemps été amoureux transi de Michelle Pfeiffer. Alors, quand Thierry la rappelle à mon bon souvenir, je ne peux que fondre, forcément !


Columbo alias Peter Falk, j'ai toujours adoré, même sur la fin où les enquêtes n'étaient pas bien palpitantes. L'âge d'or de la série, avec ses guest stars de renom, aura laissé une trace indélébile en moi. Les contributions notamment de Patrick McGoohan, Martin Landau et de Faye Dunaway m'auront laissé sans voix. Quant aux hommages signés Thierry Coquelet, impossible de réellement choisir bien que le côté "j'allais oublier" du second soit du Columbo pur jus. Même si, pour moi, la plus belle représentation du lieutenant à l'imperméable reste celle de Jean-Marc Borot, irrésistible ! 


Sydnet Lumet, j'adore certains de ses films mais alors je ne savais pas du tout à quoi pouvait ressembler le réalisateur de Douze hommes en colère et Serpico. Sauf qu'ici, cela n'a guère d'importance car le dessin m'a happé dès que je l'ai vu. J'adore ce visage et le mélange d'humanité et de sympathie qui s'en dégage. Quant à la ressemblance, elle est sans doute là mais je n'ai même pas envie d'aller voir et d'avoir un avis là-dessus. Le simple plaisir des yeux me suffit amplement. Bref, j'adore ! 



Ce choix juste pour montrer, s'il en était besoin, combien Thierry Coquelet a un éventail extrêmement large dans le panel de ses influences. Des artistes, des personnes ou personnages de tous horizons, Thierry ne s'interdit rien, essaie beaucoup et épate souvent. La variété de son blog est l'assurance de ne jamais s'ennuyer. J'adore le regard de Stendhal ! 


Baudelaire, un petit plaisir tout personnel. Il a longtemps été mon poète préféré et je veux croire que, quelque part, il l'est encore. Mais au lycée, une prof me l'a servi à toutes les sauces en m'imposant des points de vue qui n'étaient pas les miens et que je considérais comme autant d'agressions de ma perception de son univers si foisonnant. Du coup, elle a presque réussi à m’écœurer d'un artiste que je dévorais pourtant avidement. J'espère qu'un jour, Baudelaire me reviendra. Celui de Thierry m'y aidera peut-être ?


Amicalement vôtre, tout un programme ! J'adore quand un effet madeleine de Proust se manifeste simplement de par l'impact émotionnel d'un dessin. Les bisbilles Wilde / Sinclair : juste inoubliables ! Et ce générique, culte ! 


L'un de mes préférés tous genres confondus. J'adore le Hercule Poirot de David Suchet et j'adore comment Thierry Coquelet a chopé le détective belge dans une mise en scène sobre mais hilarante et pleine de malice. La caricature parfaite selon moi ! 


Un fantastique Mark Twain toutes moustaches dehors qui montre une nouvelle fois le travail d'orfèvre effectué au stylo-bille. Je n'ai pas osé demander à Thierry le temps qu'il passe sur ses dessins, je me doute bien que ce doit être très variable, mais arriver à un tel degré de précision sans se brûler les yeux, ben moi, je voudrais bien comprendre ! 


L'une des passions de Thierry Coquelet est le dessin et je trouvais intéressant de vous montrer ce qu'il était capable de faire sur ce registre-là. Avec le Claude Chabrol, il y avait déjà un mix très intéressant entre caricature, BD et cartoon. En tout cas, la demoiselle croquée ne manque pas de charme ! 


Charlotte Rampling, je tenais absolument à ce qu'elle figure parmi mes choix, d'une part parce que je la trouve superbe sous les traits de Thierry (quels yeux et quelle prestance ! ) mais aussi parce que, pour moi, elle est actuellement synonyme d'un magnifique duo sur le dernier album éponyme d'Alain Chamfort. Le morceau s'appelle Où es-tu ? et même après plusieurs mois d'écoute, je ne m'en lasse pas ! Tout l'album de Chamfort est superbe d'ailleurs.


Je termine (parce qu'il faut bien terminer quelque part) avec Simone Signoret. Je ne connais probablement d'elle que Le Chat avec Gabin et, sans ironie, je n'aurais jamais pensé qu'elle ait pu être aussi jolie plus jeune. Toujours est-il que là-encore, le dessin dans son ensemble m'a happé : la finesse des traits, le jeu des ombres et des lumières, la qualité des noirs, le charme presque diaphane du modèle...

Voilà, j'espère que vous aurez pris plaisir à découvrir ou redécouvrir Thierry Coquelet. J'espère ne pas avoir été trop pompeux, trop long, trop maladroit. Comme je le disais à Thierry lors de notre échange initial par mail, trouver les mots envers un artiste que l'on admire profondément
sans le connaître personnellement n'a rien de bien aisé. Reste la sincérité qui aura guidé mes mots tout au long de ce billet. Je vous laisse avec une ultime curiosité, le dessinateur en action ! Belle semaine à toutes et tous ! 
.
.

jeudi 3 décembre 2015

La BD du Jeudi : De beaux moments mais imparfaits




J'avais évoqué pas plus tard que le mois dernier le plaisir que j'avais eu à récemment découvrir le diptyque "Une nuit à Rome" signé par le couple Jim (scénariste / dessinateur) et Delphine (coloriste). Un gros coup de cœur, une vraie claque graphique, une histoire séduisante sous bien des aspects. Du coup, je décidai de ne pas en rester là et de me jeter sur le dernier titre du duo, De beaux moments, disponible dans toutes les bonnes librairies.


Problème : De beaux moments ne m'a pas emballé. L'idée de ces saynètes, de ces tranches de vie, de ces instantanés, était pourtant séduisante sur le papier mais passé le plaisir de retrouver ce dessin si caractéristique et terriblement attirant, je suis un peu resté sur ma faim. Il y a pourtant de très belles choses à mon sens (l'histoire du père qui songe à ses enfants devenus adultes et dont le souvenir qu'il a d'eux en bas âge lui rappelle que ces moments sont révolus ; la scène hilarante autant que surréaliste du père qui offre de bien étranges cadeaux pour Noël ; les illusions des réseaux sociaux ; le plaisir de retrouver Marie même si sans vraiment de surprise donc sans guère d'émotion). Et puis il y a ces moments où il ne se passe rien, ou si peu, ces moments qui pourraient nous emporter et qui nous laissent un peu à quai. Ces moments qui se voudraient poétiques et qui le sont sans doute mais qui sont tellement devenus la marque de fabrique de Jim qu'on lui en voudrait presque de nous balancer des lieux communs à chaque page.


En fait, plus que de déception, j'ai surtout envie de parler de frustration. Jim s'endort un peu sur ses lauriers sur ce coup-là. Le récit sur l'évocation des pères est pour moi le parfait exemple de cette frustration ressentie. On avait là un sujet en or mais hélas le propos est lourd, les dialogues interminables, avec une émotion qui finit par retomber alors que l'on aurait tant aimé se laisser embarquer. Jim cherche à poser des mots sur des émotions mais il n'y arrive pas avec le même panache que pour Une Nuit à Rome. C'est d'autant plus dommage que son sens de la mise en scène, lui, est toujours de très haute tenue.


Après, ne prenez pas mes critiques individuelles comme une remise en cause de la qualité de l'album. Parce que ces saynètes sont différentes, chaque lecteur aura ses préférences ou ses déceptions, forcément différentes des miennes. D'ailleurs, je ne regrette pas mon achat, d'abord du fait du dessin superbe de Jim magnifié par les couleurs de Delphine. Ensuite parce qu'il y a quand même de bien belles choses écrites ici. Enfin parce que je vais m'autoriser quelques relectures. Je suis bien persuadé qu'à chacune d'entre elles, une humeur différente, une perception différente feront que mon avis divergera forcément. Je serai peut-être finalement embarqué par des histoires qui m'ont ce soir laissé de marbre. Et peut-être que celles qui m'auront ému ne me procureront plus le même plaisir de lecture.

Vous savez quoi ? Faites-vous votre propre opinion ! Ce ne sera pas un achat vain, de toute façon. Et n'hésitez pas à vous procurer le dernier Casemate, magazine de référence sur la BD : Jim y est à l'honneur ! 

.

samedi 28 novembre 2015

Le dessin du samedi



Allez, hop, 18 pour le prix d'un cette semaine ! 17 invités aux 40 ans de Nath, chacun est reparti avec son petit dessin, idem pour la maîtresse de cérémonie évidemment ! Ça valait bien un léger antidatage de billet du dimanche au samedi ! 



















dimanche 15 novembre 2015

L'écrit du Dimanche : Marie (2)

Chapitre 2

Je n’arrivais pas à croire que je m’apprêtais à passer ma première nuit en prison. Mais si je décidais de voir le verre à moitié-plein, cela me permettait au moins de faire le point sur les évènements de cette journée.

D’abord, les mauvaises herbes ont la vie dure. Ou alors je m’étais montré un poil trop optimiste. Il faut dire que la quantité de sang dans la chambre avait de quoi impressionner. D’ailleurs, j’avais illico tourné de l’œil. Sauf que Frédéric n’avait pas été lardé de dizaines de coups de couteau mais de huit. Un chiffre plus qu’honorable mais pas suffisant visiblement pour le faire passer de vie à trépas. Il n’était certes pas sorti d’affaire pour autant, ses blessures étant jugées comme très sérieuses, mais il était vivant. Il serait sans doute mort si je n’avais pas perdu connaissance mais Marie avait du paniquer en me voyant à terre et s’était résolue à appeler les urgences et la police plutôt que de me filer quelques claques. Parce que moi, je l’aurais laissé macérer dans son jus.

Je m’étais donc réveillé dans une chambre d’hôpital au bout d’un laps de temps assez confus à estimer, entouré de deux policiers désireux de me poser plein de questions. Marie n’était pas dans la pièce et je me doutais bien qu’elle devait subir au commissariat un interrogatoire en bonne et due forme. Les prochains jours ne seraient pas faciles pour elle. Elle aurait du mal à plaider la légitime défense vu le nombre de lacérations portées. Un coup de folie pourrait expliquer l’acharnement mais elle serait alors condamnée à errer dans les couloirs d’un asile psychiatrique, gavée de médocs, pour une vie guère plus enviable que la prison. En fait, elle quitterait une prison pour une autre où elle serait à peine plus vivante. Mais nous n’en étions pas encore là. Je lui trouverais un avocat avec lequel nous envisagerions toutes les options. Cette fois, je serais avec elle. Je n’avais pas su lire sa détresse, sa solitude, ses peurs. Je n’avais pas été là. Je tenais là l’occasion de racheter mes erreurs. Rien ne serait simple mais nous serions ensemble.

Voilà dans quel état d’esprit j’étais quelques instants après mon réveil à l’hôpital.
Quelques heures plus tard, entre les quatre murs de cette prison, il avait quelque peu évolué et laissé place à une profonde perplexité. Je n’avais toujours pas revu Marie.

J’avais simplement été informé qu’elle m’avait accusé des blessures infligées à son compagnon.

A suivre…

.





dimanche 8 novembre 2015

L'écrit du Dimanche : Marie (1ère partie)



Lorsque je lui pris les mains, elle se raidit et je compris instantanément que mes doutes étaient fondés. Elle esquissa un mouvement de recul tandis que son regard désormais effrayé scrutait le mien. Je lui souris et déliai mes mains d’entre les siennes. Le silence qui s’ensuivit dura plusieurs minutes où son regard ne se détacha pas du mien.
-Tu savais, me dit-elle enfin. Dans sa voix et son intonation, ce n’était pas une question.
-Disons que j’avais plus que des doutes, soupirai-je.
Je n’étais pas à l’aise. Je connaissais Marie depuis l’enfance, nous avions même vécu ensemble pendant 3 ans, elle était la personne que je pensais connaître le mieux. Pourtant, j’avais mis des mois à n’avoir ne serait-ce qu’une volute de soupçon.

Je me rendis compte que des larmes coulaient sur mes joues, presque imperceptibles, lorsque Marie, avec une douceur infinie mêlée d’appréhension contenue, m’enserra de ses bras et se blottit contre moi.
-Tu n’es pas responsable, souffla-t-elle d’une voix à peine audible tandis que son étreinte s’affirmait un peu plus et que ses propres sanglots silencieux se mêlaient aux miens.
-Je n’ai rien vu venir, répondis-je. Je… Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu être aussi…
Son index posé sur ma bouche m’interrompit.
-Chut. Il ne s’agit pas de refaire l’histoire. Je suis sortie de ta vie comme je suis sortie de celle de tant de gens autour de moi. Tu n’as rien à te reprocher. Tu as essayé d’appeler tant de fois. C’est humain que tu te sois lassé. Que tu n’aies pas compris mes silences. C’est précisément ce que je voulais. Je m’étais mise dans cet enfer toute seule, je n’allais pas l’infliger à d’autres. Cela aurait été vous  exposer. Il vous aurait tué s’il avait su. Il m’aurait tuée aussi d’ailleurs…

Ces derniers mots furent de trop. Elle s’effondra en larmes dès qu’elle les eut prononcés. Puis son regard vira au noir et elle se reprit :
-C’est pour ça que je t’ai appelé.
-Où est-il ? La coupai-je. Tout ceci n’avait probablement que trop duré. Marie m’avait appelé. Elle m’avait enfin appelé. J’allais pouvoir être là pour elle comme j’aurais dû l’être depuis des mois. J’allais le retrouver et lui faire passer le goût du pain à cet enfoiré.
-Dans la chambre. Sur le lit.
-Dans la cham… ? Répétai-je machinalement avant que la brume dans mon esprit ne s’estompe. Puis je me ruai vers l’escalier que je gravis quatre à quatre.

Sur le lit dégoulinant de sang, le corps de Frédéric lardé de dizaines de coups de couteau fut la première et dernière chose que je vis avant de perdre connaissance.


A suivre…

samedi 7 novembre 2015

Le dessin du samedi : Spiderman par Romita père et fils


cliquez pour agrandir


Bon. Me voilà en pétard et avec, de surcroît, un billet en retard (non seulement ça rime mais comme en plus je vais antidater ce billet, vous n'y verrez que du feu).

J'ai essayé de me remettre au dessin mais une dizaine de boules de papier froissé plus tard et des nerfs désormais à vif, je dois me rendre à l'évidence : je ne sais pas dessiner. Même reproduire sans génie est devenu en dehors de mes capacités. J'ai essayé plusieurs trucs mais pas moyen de me satisfaire de quoi que ce soit. Reproduire pour reproduire sans la moindre technicité ne m'amuse plus et, pire, me frustre énormément. Dessiner est devenu une contrainte et même un déplaisir.

Alors désormais, le samedi, je mettrai en lumière une planche, un dessin, une esquisse qui me plait particulièrement. Voire un artiste. Parfois, je coucherai quelques mots dessus, souvent je laisserai l'oeuvre se suffire à elle-même.

Comme aujourd'hui et ça tombe bien puisque je n'ai pas envie de m'étendre, faute de bonne humeur ce soir. Je vous laisse donc avec un Spiderman que je trouve en tous points sublime, signé par les deux pinceaux les plus talentueux de l'univers Marvel : John Romita Sr et John Romita Jr.

.

jeudi 5 novembre 2015

La BD du Jeudi : Une Nuit à Rome




Lorsque j'ai assisté mercredi dernier à l'ouverture de Bulles de Papier dans leurs nouveaux locaux, j'ai pris plusieurs heures dans le magasin à la recherche d'un coup de cœur. Finalement, je suis tombé sur le diptyque Une Nuit à Rome. La beauté du dessin m'a aussitôt saisi. Mais le titre que je pensais renvoyer à une bluette sentimentale indigeste me faisait hésiter. Je n'étais pas contre un peu de sentimentalisme sirupeux mais je voulais quand même qu'il y ait une intrigue. Un des vendeurs m'a conseillé de ne pas m'arrêter à cette première (mais fausse) impression. Alors, entre autres petites pépites, je suis reparti avec les deux tomes sous le bras. Quand j'ai présenté mes achats sur Facebook, mon ami François-Marie s'est juste fendu d'un "excellent" encourageant vu que nous n'avons pas forcément les mêmes goûts en matière de BD. Bref, ça se présentait bien.




Au final, l'histoire n'a rien d'une bluette, premier soulagement,même si elle fait la part belle aux sentiments, qu'ils apaisent ou qu'ils tiraillent, qu'ils façonnent ou qu'ils détruisent. Pour le côté sirupeux, on repassera aussi. Deuxième soulagement.La phrase qui accompagne l'affiche présentant les deux volumes est un parfait résumé du pitch. Inutile de trop en dire d'ailleurs. Raphaël et Marie se sont rencontrés à 20 ans. Etant nés le même jour, ils se sont jurés de se retrouver pour leurs 40 ans et de passer une nuit ensemble. Vingt années ont passé et Marie, par le biais d'une VHS témoin de leur promesse, se rappelle aux bons souvenirs de Raphaël qui a entretemps refait sa vie. 




Dans une interview, Jim (qui a ici les deux casquettes de scénariste et dessinateur) disait qu'il se considérait avant tout comme un auteur et que l'aspect dessinateur n'était qu'un complément. D'ailleurs, il n'est pas rare qu'il laisse le soin du dessin à d'autres. Toujours est-il que quand on voit le travail accompli sur Une Nuit à Rome, sublimé il est vrai par la mise en couleur très inspirée de Delphine, on est proche de la perfection. Chaque plan, chaque découpage, chaque paysage, chaque expression sont autant de moments de grâce propres à installer une atmosphère tour à tour sensuelle, drôle, tragique, intimiste, festive... Une valse qui donnerait presque le tournis tant on est happé dans ce carrousel de sentiments.




Et c'est là qu'intervient tout le génie de Jim, scénariste. Arriver à poser des mots comme il le fait sur nos questionnements, nos peurs, nos tentations, nos désirs, nos bravoures, nos lâchetés, nos fêlures, nos doutes, nos certitudes... relève d'un réel tour de force  que l'on oublierait presque tant l'ensemble est cohérent et semble couler de source. Car au travers de l'histoire non seulement de Marie et Raphaël mais aussi de toutes ces personnes qui gravitent autour d'eux et qui n'en sortiront pas indemnes, Jim s'adresse aussi à nous, nous renvoyant à nos propres interrogations et nos propres cheminements sinueux . Et si l'on est quadra comme moi, il y a forcément quelque chose qui se passe, aussi différent soit notre vécu de celui de Raphaël (ou de celui de Marie si on est une femme). Bref, une écriture intelligente, sensible, cruelle aussi mais toujours juste.




Je pourrais parler pendant des heures de ce très gros coup de cœur (je pense ne pas avoir ressenti quelque chose d'aussi fort depuis Magasin Général) mais cela ne ferait qu'alourdir mon propos. Simplement, je recommande bien évidemment hautement la lecture d'Une Nuit à Rome. J'ai vécu un grand moment de lecture et je pense que je vais désormais explorer un peu plus l'univers de Jim. Je ne suis pas certain qu'il puisse me surprendre ou m'embarquer à chaque fois, surtout s'il n'est pas systématiquement aux crayons, mais je demande quand même à voir. En tout cas, quelle claque ! 



.

jeudi 29 octobre 2015

La BD du Jeudi : Comics Signatures n° 1

Toutes les photos présentées ici se retrouvent sur la page Facebook de Neofelis Editions


Comics Signatures est un nouveau fanzine qui, c'est tout le mal que l'on souhaite à Neofelis Editions, devrait faire date. Il revient sur les plus belles heures des comics et, pour essuyer les plâtres, c'est l'ami Spidey qui s'y colle dans un numéro remarquable en tous points. Soyons honnête, j'étais un peu réticent à acheter un énième magazine sur mon personnage Marvel préféré. Et je n'avais pas forcément envie de débourser 20 euros (frais de port inclus) pour une compilation de tout ce que je pensais savoir sur le Tisseur. 



Mes réticences ont volé en éclat dès les premières pages. Comics Signatures est un très bel objet, d'une cohésion remarquable, avec une bien séduisante maquette. Les 15 euros du fanzine se justifient pleinement si l'on prend en compte que Neofelis Edition est encore un éditeur qui monte, qui monte. Que le choix d'un faible tirage intégralement en couleurs a un coût.  Que beaucoup de personnes ont travaillé sur ce nouveau produit, de sa conception et rédaction à sa réalisation. Que les 132 pages sont blindées à bloc : il m'a fallu plus de deux heures pour tout ingurgiter (et encore !). Donc, que ce soit clair : non seulement je ne regrette pas mon achat mais en plus je recommande vraiment l'acquisition d'un tel ouvrage. Fait par des passionnés pour des passionnés, nous dit-on. Il n'y a pas eu tromperie sur ce coup-là.



Je ne savais pas trop si j'allais apprendre grand chose. Et bien si. Parce que finalement, si bon nombre d'accros à l'homme-araignée en connaissent forcément un rayon sur son univers, il reste des zones d'ombre au niveau de ces hommes bourrés de talent qui ont fait d'un embryon de super-héros le mythe qu'il est devenu et qu'il est encore aujourd'hui, même si, clairement, l'âge d'or de Spiderman, du moins dans sa version papier, est révolu depuis belle lurette.



A ce titre-là, le dossier de Jean Depelley est un modèle d'article documenté. Parfois, on s'y perdrait presque un peu, tant l'ensemble fourmille d'informations parfois complexes, et je reconnais que mon attention s'est à quelques reprises légèrement éparpillée. Mais que c'est intéressant ! Les dissensions quant à la "paternité" de Spiderman, pas tellement entre Lee et Ditko comme on nous le rabâche parfois, mais surtout entre Kirby et Ditko, sont passionnantes. L'article est si foisonnant qu'il me faudra une seconde, voire une troisième lecture pour en capter toutes les subtilités.



Le portfolio qui suit gagnerait presque à être détachable si cela ne poserait pas des problèmes de production et de coûts évidents. Car il est de haute tenue, même pour moi qui possède certains Artist Edition d'IDW consacrés au Tisseur qui offrent une mise en abîme des planches proprement vertigineuse. Ici, le format empêche une mise en valeur optimale mais que c'est beau ! 



Pour le reste, je ne vais pas détailler toutes les rubriques mais le sommaire que je vous laisse vous convaincra sans problème de l'exhaustivité du tour d'horizon opéré par les auteurs de Comics Signatures : dessin-animé de 1967, séries et films dérivés, manga, presse française, premier jeu vidéo, goodies et collectionnite aiguë...
Concernant la forme, l'ouvrage est clair, aéré juste ce qu'il faut, dense dans le sens où la lecture ne se fera pas en quelques dizaines de minutes, lisible (les fonds colorés ne sont jamais trop foncés et on ne s'esquinte jamais les yeux à la lecture), les ressources iconographiques sont bien équilibrées dans la mise en page (même si je ne suis pas un spécialiste, c'est juste un avis visuel de lecteur que je donne).



Alors quoi ? Il n'y a aucun défaut dans la cuirasse ? Eh bien... Juste quelques-uns qui n'engagent que moi évidemment et qui sont forcément subjectifs, ne remettant jamais en cause la qualité du fanzine ou de ses plumes. Du coup, on ne peut guère parler de défauts. Je n'ai pas réussi à me passionner pour l'article d'Eric Vignolles sur Fantask. Je ne l'ai pas trouvé très accessible dans sa première partie. La dissection du tout premier épisode de Spiderman dans Fantask 4 et la chasse aux incohérences ne m'ont pas emballé non plus. Une simple affaire de goût et rien d'autre d'autant que je ne serais jamais assez reconnaissant envers Eric Vignolles d'avoir jadis consacré un ouvrage à Jean Frisano que j'ai mis plus de dix ans à me procurer.
Je n'ai pas davantage adhéré à la rubrique "Retours vers le passé" que j'ai vraiment survolée pour le coup, ni à la BD bonus mais là-encore c'est purement subjectif. Et pour terminer, niveau mise en forme cette fois, attention à la justification de certains textes, elle laisse parfois de gros vides dans les phrases, mais c'est vraiment pour chipoter.



Bref, vous l'aurez compris. Hormis ces minimes réserves qui sont le fait d'un éternel pinailleur, vous pouvez vous procurer cette bible les yeux fermés. Attention, il n'y en aura pas pour tout le monde ! Et puis ce nouveau fanzine se destinant seulement à paraître à raison d'un ou deux numéros par an, c'est un investissement sans grand risque, y compris pour les sceptiques dont je faisais pourtant partie.
Toutes les infos sur Comics Signatures, c'est juste en dessous. Y'a plus qu'à vous faire plaisir ! 

 .