Lorsque je lui pris les mains, elle se raidit et je compris instantanément que mes doutes étaient fondés. Elle esquissa un mouvement de recul tandis que son regard désormais effrayé scrutait le mien. Je lui souris et déliai mes mains d’entre les siennes. Le silence qui s’ensuivit dura plusieurs minutes où son regard ne se détacha pas du mien.
-Tu savais, me dit-elle enfin.
Dans sa voix et son intonation, ce n’était pas une question.
-Disons que j’avais plus que
des doutes, soupirai-je.
Je n’étais pas à l’aise. Je
connaissais Marie depuis l’enfance, nous avions même vécu ensemble pendant 3
ans, elle était la personne que je pensais connaître le mieux. Pourtant, j’avais
mis des mois à n’avoir ne serait-ce qu’une volute de soupçon.
Je me rendis compte que des
larmes coulaient sur mes joues, presque imperceptibles, lorsque Marie, avec une
douceur infinie mêlée d’appréhension contenue, m’enserra de ses bras et se
blottit contre moi.
-Tu n’es pas responsable,
souffla-t-elle d’une voix à peine audible tandis que son étreinte s’affirmait
un peu plus et que ses propres sanglots silencieux se mêlaient aux miens.
-Je n’ai rien vu venir,
répondis-je. Je… Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu être aussi…
Son index posé sur ma bouche m’interrompit.
-Chut. Il ne s’agit pas de
refaire l’histoire. Je suis sortie de ta vie comme je suis sortie de celle de
tant de gens autour de moi. Tu n’as rien à te reprocher. Tu as essayé d’appeler
tant de fois. C’est humain que tu te sois lassé. Que tu n’aies pas compris mes
silences. C’est précisément ce que je voulais. Je m’étais mise dans cet enfer
toute seule, je n’allais pas l’infliger à d’autres. Cela aurait été vous exposer. Il vous aurait tué s’il avait su. Il
m’aurait tuée aussi d’ailleurs…
Ces derniers mots furent de
trop. Elle s’effondra en larmes dès qu’elle les eut prononcés. Puis son regard
vira au noir et elle se reprit :
-C’est pour ça que je t’ai
appelé.
-Où est-il ? La coupai-je.
Tout ceci n’avait probablement que trop duré. Marie m’avait appelé. Elle m’avait
enfin appelé. J’allais pouvoir être là pour elle comme j’aurais dû l’être depuis
des mois. J’allais le retrouver et lui faire passer le goût du pain à cet
enfoiré.
-Dans la chambre. Sur le lit.
-Dans la cham… ? Répétai-je
machinalement avant que la brume dans mon esprit ne s’estompe. Puis je me ruai
vers l’escalier que je gravis quatre à quatre.
Sur le lit dégoulinant de sang,
le corps de Frédéric lardé de dizaines de coups de couteau fut la première et dernière
chose que je vis avant de perdre connaissance.
A suivre…
Un inédit, un inédit !!!! Que je suis content !!!!!
RépondreSupprimerÇa commence bien en tout cas. Enfin, façon de parler… Vivement la suite.
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