dimanche 15 novembre 2015

L'écrit du Dimanche : Marie (2)

Chapitre 2

Je n’arrivais pas à croire que je m’apprêtais à passer ma première nuit en prison. Mais si je décidais de voir le verre à moitié-plein, cela me permettait au moins de faire le point sur les évènements de cette journée.

D’abord, les mauvaises herbes ont la vie dure. Ou alors je m’étais montré un poil trop optimiste. Il faut dire que la quantité de sang dans la chambre avait de quoi impressionner. D’ailleurs, j’avais illico tourné de l’œil. Sauf que Frédéric n’avait pas été lardé de dizaines de coups de couteau mais de huit. Un chiffre plus qu’honorable mais pas suffisant visiblement pour le faire passer de vie à trépas. Il n’était certes pas sorti d’affaire pour autant, ses blessures étant jugées comme très sérieuses, mais il était vivant. Il serait sans doute mort si je n’avais pas perdu connaissance mais Marie avait du paniquer en me voyant à terre et s’était résolue à appeler les urgences et la police plutôt que de me filer quelques claques. Parce que moi, je l’aurais laissé macérer dans son jus.

Je m’étais donc réveillé dans une chambre d’hôpital au bout d’un laps de temps assez confus à estimer, entouré de deux policiers désireux de me poser plein de questions. Marie n’était pas dans la pièce et je me doutais bien qu’elle devait subir au commissariat un interrogatoire en bonne et due forme. Les prochains jours ne seraient pas faciles pour elle. Elle aurait du mal à plaider la légitime défense vu le nombre de lacérations portées. Un coup de folie pourrait expliquer l’acharnement mais elle serait alors condamnée à errer dans les couloirs d’un asile psychiatrique, gavée de médocs, pour une vie guère plus enviable que la prison. En fait, elle quitterait une prison pour une autre où elle serait à peine plus vivante. Mais nous n’en étions pas encore là. Je lui trouverais un avocat avec lequel nous envisagerions toutes les options. Cette fois, je serais avec elle. Je n’avais pas su lire sa détresse, sa solitude, ses peurs. Je n’avais pas été là. Je tenais là l’occasion de racheter mes erreurs. Rien ne serait simple mais nous serions ensemble.

Voilà dans quel état d’esprit j’étais quelques instants après mon réveil à l’hôpital.
Quelques heures plus tard, entre les quatre murs de cette prison, il avait quelque peu évolué et laissé place à une profonde perplexité. Je n’avais toujours pas revu Marie.

J’avais simplement été informé qu’elle m’avait accusé des blessures infligées à son compagnon.

A suivre…

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