Il y a quelques mois, je donnais un premier avis franchement enthousiaste sur le tout nouveau Ric Hochet, cinq ans après le décès de Tibet et sans la plume de André-Paul Duchâteau. Je vous invite d'ailleurs à vous y référer car, au final, je n'ai pas grand chose à rajouter. Mais je n'avais pris connaissance que d'un quart des planches. Quatre Immanquable plus tard, et à deux jours de la sortie officielle (29 mai) de la BD de Van Liemt (dessins) et Zidrou (scénar), mon avis reste le même : cet album est un petit bijou, un concentré de clins d’œil à la série originelle, de traits d'humour, de dramaturgie aussi et bien évidemment d'action. Le scénario, classique dans son synopsis (Le caméléon prend l'identité de Ric Hochet pour mieux se venger de lui mais aussi de Bourdon), est des plus malins lorsqu'il s'agit de mettre en scène l'ensemble des personnages récurrents de la série, de façon plus ou moins appuyée mais toujours subtile. On ne s'ennuie jamais alors que des problèmes de rythme à répétition et des incohérences plombaient les ultimes tomes de la BD d'origine. Rien de tout cela ici et les deux artistes multiplient suffisamment les lieux et les décors pour renforcer cette impression de grande richesse de l'ensemble.
Les péripéties s'enchaînent, les révélations aussi et le tout est d'une fluidité exemplaire même si, d'un point de vue personnel, arrivé aux trois quarts du récit, je voyais assez mal comment l'histoire pourrait tenir en un seul volume. Et c'est finalement le cas, sans surenchère inutile, en soulevant quelques questions pour l'avenir. L'aventure aura laissé des traces pour certains des personnages, l'un en particulier, et il sera intéressant de voir comment ces fêlures seront, ou pas, exploitées dans les prochains tomes. En tout cas, il faut vraiment que cet album trouve son public, que ce soit les habitués du tandem Tibet / Duchâteau ou les nouveaux lecteurs, car un échec commercial serait une injustice énorme en comparaison de la qualité de RIP Ric. Je termine sur un comparatif points positifs / points négatifs un peu scolaire mais synthétique. Ne pas continuer si vous ne voulez pas trop en savoir à l'avance (même s'il ne s'agit pas de véritables spoilers).
Les + :
-un respect prodigieux du matériau d'origine
-une action resituée en 1968, soit lors de l'âge d'or de la série
-des clins d’œil à chaque page
-du rythme et de la variété
-un dessin éloigné de Tibet qui ne gâche en rien le plaisir de lecture : une gageure loin d'être gagnée et qui fonctionne parfaitement
-des partis pris assumés qui donnent à la série une modernité et une vitalité bienvenues
Les - :
-la "pirouette Nanar", providentielle dans la première partie (bien que surprenante) mais un peu vaine sur la fin.
-la révélation sur Bourdon qui ne cadre pas trop avec l'idée que l'on se fait du personnage mais qui, surtout, gagnerait à être développée par la suite. A voir aussi si elle pourrait envenimer les relations entre Ric et le commissaire même si l'acte de Ric laisse à penser que non
-le Caméléon étant l'ennemi connu dès le départ, il n'y a pas, à la toute dernière page, la révélation de l'identité du meurtrier propre à chaque enquête de Ric Hochet. D'un point de vue nostalgique, j'aimerais assez que ce trait propre à la série soit préservé par la suite. Là-encore, wait and see...
-Nadine ne semble pas très traumatisée à la fin alors qu'elle a quand même couché avec le Caméléon en lieu et place de Ric
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