jeudi 3 décembre 2015

La BD du Jeudi : De beaux moments mais imparfaits




J'avais évoqué pas plus tard que le mois dernier le plaisir que j'avais eu à récemment découvrir le diptyque "Une nuit à Rome" signé par le couple Jim (scénariste / dessinateur) et Delphine (coloriste). Un gros coup de cœur, une vraie claque graphique, une histoire séduisante sous bien des aspects. Du coup, je décidai de ne pas en rester là et de me jeter sur le dernier titre du duo, De beaux moments, disponible dans toutes les bonnes librairies.


Problème : De beaux moments ne m'a pas emballé. L'idée de ces saynètes, de ces tranches de vie, de ces instantanés, était pourtant séduisante sur le papier mais passé le plaisir de retrouver ce dessin si caractéristique et terriblement attirant, je suis un peu resté sur ma faim. Il y a pourtant de très belles choses à mon sens (l'histoire du père qui songe à ses enfants devenus adultes et dont le souvenir qu'il a d'eux en bas âge lui rappelle que ces moments sont révolus ; la scène hilarante autant que surréaliste du père qui offre de bien étranges cadeaux pour Noël ; les illusions des réseaux sociaux ; le plaisir de retrouver Marie même si sans vraiment de surprise donc sans guère d'émotion). Et puis il y a ces moments où il ne se passe rien, ou si peu, ces moments qui pourraient nous emporter et qui nous laissent un peu à quai. Ces moments qui se voudraient poétiques et qui le sont sans doute mais qui sont tellement devenus la marque de fabrique de Jim qu'on lui en voudrait presque de nous balancer des lieux communs à chaque page.


En fait, plus que de déception, j'ai surtout envie de parler de frustration. Jim s'endort un peu sur ses lauriers sur ce coup-là. Le récit sur l'évocation des pères est pour moi le parfait exemple de cette frustration ressentie. On avait là un sujet en or mais hélas le propos est lourd, les dialogues interminables, avec une émotion qui finit par retomber alors que l'on aurait tant aimé se laisser embarquer. Jim cherche à poser des mots sur des émotions mais il n'y arrive pas avec le même panache que pour Une Nuit à Rome. C'est d'autant plus dommage que son sens de la mise en scène, lui, est toujours de très haute tenue.


Après, ne prenez pas mes critiques individuelles comme une remise en cause de la qualité de l'album. Parce que ces saynètes sont différentes, chaque lecteur aura ses préférences ou ses déceptions, forcément différentes des miennes. D'ailleurs, je ne regrette pas mon achat, d'abord du fait du dessin superbe de Jim magnifié par les couleurs de Delphine. Ensuite parce qu'il y a quand même de bien belles choses écrites ici. Enfin parce que je vais m'autoriser quelques relectures. Je suis bien persuadé qu'à chacune d'entre elles, une humeur différente, une perception différente feront que mon avis divergera forcément. Je serai peut-être finalement embarqué par des histoires qui m'ont ce soir laissé de marbre. Et peut-être que celles qui m'auront ému ne me procureront plus le même plaisir de lecture.

Vous savez quoi ? Faites-vous votre propre opinion ! Ce ne sera pas un achat vain, de toute façon. Et n'hésitez pas à vous procurer le dernier Casemate, magazine de référence sur la BD : Jim y est à l'honneur ! 

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3 commentaires:

  1. Sur ce coup, tu es en avance sur moi : je n'ai pas encore remarqué, ni donc découvert, cet album ! Ça ne tardera pas !

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  2. Après lecture, je peux dire que je me suis laissé embarquer. Bien sûr, il n'y a pas de trame narrative entre ces beaux moments, mais j'y ai chaque fois goûté quelque chose d'indicible. En refermant le livre, je me suis dit que j'y reviendrais…

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    1. J'y reviendrai sans doute moi aussi. Content que tu aies apprécié ta lecture !

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