dimanche 20 novembre 2016

J'ai lu... Ric Hochet : Meurtres dans un jardin français



Il y a un peu plus d'un an, j'avais dit tout le bien, ici mais également , que je pensais du Ric Hochet cuvée 2015. Une vraie claque prise en pleine face, alors que le puriste que j'étais craignait franchement le pire. Mais Zidrou (au scénario) et Simon Van Liemt (au dessin) allaient faire voler en éclat toutes mes appréhensions en m'offrant de surcroît un des mes meilleurs moments de lecture de l'année. Je ne vais pas refaire le film, il vous suffit de vous rendre sur les billets correspondants.

Tout naturellement, le duo, qui avait eu la lourde tâche l'an passé de succéder aux indéboulonnables Tibet & Duchâteau, remet le couvert dans une aventure non dénuée de charme, vénéneuse à souhait (superbe idée que de faire venir la mort d'où serait censé émaner la séduction) et très agréable à parcourir. Pour le reste, je ne dévoilerai rien, pas même le pitch. 

Soyons honnête, j'ai néanmoins pris un peu moins de plaisir que pour la lecture du premier tome. Les clins d’œil sont moins nombreux (ou je les ai moins relevés) mais en même temps, c'est normal, le tome 1 avait pour but de convaincre les puristes tout en séduisant de nouveaux lecteurs et de montrer que Zidrou connaissait bien son affaire concernant le microcosme de Ric Hochet. C'était en quelque sorte un tome d'installation, avec des piqûres de rappel, forcément avec une place un peu à part. Je veux dire par là qu'à mon sens, Rip Ric, titre du premier tome, aura certainement durablement ma préférence quelle que soit la qualité des tomes à venir.

Avant de continuer, je veux dire que ce billet est le ressenti d'un lecteur. Je ne suis pas journaliste et encore moins critique BD. Mes réserves ne concernent que moi et ne remettent en aucun cas en cause la qualité de cet album que j'ai par ailleurs beaucoup (et sincèrement) apprécié. A titre tout personnel donc, j'ai été déçu à deux niveaux, à chaque fois d'un point de vue du scénario. Le sort réservé au personnage de Nictalope tout d'abord m'a laissé un goût d'inachevé, renforçant l'impression de trouble voire d'incompréhension concernant son rôle (et ses limites) dans cette affaire. Et puis le mobile des meurtres, dans une thématique géopolitique certes d'autant plus crédible et bien documentée qu'elle a existé, mais qui, pour moi, en tant que lecteur de longue date, ne sied pas vraiment à l'esprit de la série Ric Hochet. Voilà pour les deux petites réserves sur cet album, mais pour le reste, j'ai beaucoup aimé : le cadre du Jardin du Luxembourg, l'originalité de la mise en scène des meurtres, la personnalité du principal coupable, le parfum de séduction, même si mortel, qui est dans l'air, l'aisance de Zidrou à faire vivre ses personnages, qu'ils soient de premier ou de second plan etc. 

Au niveau du dessin, c'est un peu compliqué de dire que Simon Van Liemt a encore progressé puisqu'il est un dessinateur confirmé alors que je n'y connais rien ou si peu. Mais je suis encore davantage bluffé par la qualité de sa mise en scène, la richesse des plans, le dynamisme de l'ensemble. Si je voulais vraiment pinailler, cher Simon, au cas où vous me liriez, non, définitivement non, même par grand vent, Ric n'aurait pas pu atterrir sur le tas de sable, vu son angle de chute. Mais c'est bien tout ce que je pourrais relever, et encore, vous l'avez compris, c'est une boutade. Bref, je ne veux pas m'étendre mais sur certains réseaux sociaux ou autres forums, j'ai lu des choses parfois assez agressives sur le travail de Simon Van Liemt, sous le seul prétexte que son style est aux antipodes de celui de Tibet. J'étais moi-même très attaché à ce style. Mais quand la réappropriation est à ce point respectueuse, quand le dessin est à un tel niveau de qualité, pourquoi faire un mauvais procès au dessinateur ? Pour ma part, je mesure simplement la chance que j'ai de pouvoir continuer à lire des Ric Hochet, avec un plaisir renouvelé, ce qui n'était pas gagné. Je ferme la parenthèse, défendre Simon Van Liemt n'était sans doute pas utile, il n'en a sans doute pas besoin, mais j'y tenais tant je trouve le procédé limite vu la qualité de travail proposée. Cet aparté étant fait, je persiste et je signe : le dessin sied parfaitement à la série.

Difficile de conclure ce billet un peu foutraque (j'ai bien fait de préciser que je n'étais qu'un lecteur lambda avec des ressentis plutôt que de réelles critiques) mais il va de soi que je conseille fortement l'acquisition de ce deuxième tome qui a le charme fou du précédent malgré les petites réserves énoncées plus haut. Alors oui, je ne suis pas objectif, je dispose désormais des 80 tomes existants de la série, je souhaite qu'elle dure encore longtemps, mais vraiment, ne boudez pas votre plaisir. En attendant le tome 3 qui est déjà dans les tuyaux et dont le titre, Comment réussir un assassinat, peut vraiment laisser présager du meilleur. 

Allez, un coupable en toute dernière page et mon bonheur sera total...

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