mardi 13 novembre 2012

La Belle Province




Retour de salon oblige, j'ai fait "le plein" de BD, donc vous allez en manger pendant quelques jours sur ce blog, du succulent au pas très digeste.

On commence aujourd'hui avec La Belle Province, premier Lucky Luke "post" Morris, signé Achdé au dessin et Laurent Gerra au scénario. Bien que possédant l'ensemble de ces "nouveaux" LL, il me manquait ce premier tome, sans doute parce qu'à l'époque je n'étais pas emballé à l'idée de voir Gerra s'emparer du mythe. Mais la perspective d'avoir une seconde dédicace d'Achdé associée au fait que j'avais précédemment franchement aimé l'album La Corde au cou ne m'a pas fait hésiter longtemps.

Il y a du bon et du moins bon dans ce Lucky Luke mais l'album m'a beaucoup plus séduit que je n'aurais cru. Il faut dire que le Québec a un charme fou (mais adorant ce pays et ses habitants, je ne suis guère objectif) et que le dépaysement est assuré. L'univers cher à Morris est respecté, trop serais-je tenté de dire, car Gerra, à force de vouloir trop en mettre frôle l'overdose de personnages, de clins d'oeil, de caricatures et j'en passe. Il y a également à mon goût beaucoup trop de texte, notamment lors des quatre premières pages qui résument l'Histoire du Québec dans un exercice certes plaisant car bourré d'humour et de références, mais franchement dispensable puisque ces explications ne servent en rien l'intrigue principale qui suit. Car c'est tout sauf l'histoire du pays qui amène LL et son fidèle Jolly Jumper au Québec.

C'est l'amuuuur de Jolly Jumper pour la jument Province (d'où le titre à double sens) qui entraîne nos compères dans une nouvelle aventure menée à un train d'enfer où Gerra utilise les "clichés" locaux pour créer des situations pleines de peps et souvent cocasses. On ne s'ennuie pas une seconde et l'usage de temps à autre d'expressions typiquement québécoises donne du cachet et beaucoup de charme à l'ensemble. L'humoriste ne se refait pas et ne résiste donc pas à l'envie de mettre en scène Céline Dion dans le rôle d'une danseuse de saloon qui chante faux à décorner les caribous. On retrouve également Charlebois, là je dis bravo car j'adore ce gars, mais aussi BHL qui se fait entarter tout au long de l'aventure, si bien que le comique de répétition s'avère un poil lassant à la longue, surtout que le type est aussi fade dans la BD que l'idée qu'on s'en fait dans la vie.
On peut aussi regretter au final le relatif manque d'épaisseur accordé à l'amourette Jolly / Province (Tiens, j'aurais du soumettre l'idée de La Jolly Province, pour le titre, arf !). La séparation inévitable à la fin de l'histoire est survolée alors que Jolly Jumper déprimait sévère 30 pages en amont.

Quant au dessin, difficile de parler d'Achdé après avoir enfin rencontré l'artiste car je ne voudrais pas donner l'impression de trop en faire. Mais franchement, maîtriser à ce point l'univers de Lucky Luke pour sa première incursion de surcroît dans le monde de Morris me laisse baba. Le respect de l'artiste envers le papa de LL transpire à chaque page, à chaque case. Après, je laisse les critiques s'amuser à décortiquer les dessins de l'un et de l'autre, jouer au jeu des comparaisons. Pour ma part, j'ai pris du plaisir, je me suis vraiment senti en terrain connu et, hormis l'introduction un peu poussive et quelques effets attendus, je me suis vraiment évadé chez nos cousins québécois le temps de la lecture de l'album.

Au final, un album très séduisant, sublimé par le trait d'Achdé, seulement entaché, à mon sens, de quelques maladresses scénaristiques pas bien méchantes pour un vrai plaisir de lecture à la clé. L'essentiel donc. Et je ne vous parle même pas de la dédicace, grosse et belle cerise sur le gâteau ! 


On se retrouve demain avec le tout dernier Lucky Luke, Cavalier seul.

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