C'est sur un rythme effréné que s'est déroulée la journée de ce samedi. Il n'empêche que ce fut une très belle journée dont le point d'orgue fut une jolie rencontre qui fit enfin exploser les barrières du virtuel.
Nath et moi nous levons à 6h30, ma chère et tendre ayant à faire une prise de sang à Sarlat une heure plus tard. Ceci fait, nous passons chercher ma mère, petit-déjeunons enfin et embrayons sur Brive. Sur la route, le temps n'est pas folichon et la journée sera une succession de nuages menaçants et d'averses parfois violentes. Une fois arrivés, je décide de ne pas commettre l'erreur de l'an dernier, à savoir me garer trop loin du chapiteau de la foire du livre, but de notre voyage, et j'emprunte donc le parking souterrain à proximité, gratuit pour l'occasion.
Il est 9h30, la foire a ouvert ses portes une demi-heure plus tôt et il n'y a pas encore foule. Tant mieux, ça ne va pas durer. Problème : s'il n'y a pas encore beaucoup de visiteurs à cette heure, c'est aussi valable pour les auteurs. A quelle heure viendront-ils ? Viendront-ils dès le matin, seulement ? Certains croisent les doigts.
Pour ma part, je me rends tout de suite devant le stand d'Achdé, dessinateur de Lucky Luke (entre autres choses), véritable but de ma visite. J'ai beaucoup de respect pour l'artiste, j'échange de temps à autre avec lui par courriels ou généralement via son blog, mais nous ne nous sommes encore jamais rencontrés. J'ai hâte autant que j'appréhende. Je n'y peux rien, c'est plus fort que moi, j'ai le trac. Souvenirs pénibles d'un rendez-vous "manqué" avec Tibet, l'un des deux papas de Ric Hochet, aujourd'hui disparu et auquel je n'avais pas su dire à quel point j'appréciais son travail et l'évasion provoquée par mes lectures.
Vers 10h30, Achdé arrive et, entre deux cafés, commence la séance de dédicaces. Environ une heure plus tard, me voici enfin devant le maestro qui me reconnaît immédiatement. Je lui avais juste dit que s'il voyait un grand gaillard un peu bedonnant et rougissant, ce serait moi. Il a eu bonne pioche au premier essai, chapeau m'sieur, et tant pis pour mon amour propre qui en prend un coup. Naaan, je déconne. En tout cas, ce premier contact me ravit, Achdé étant aussi affable et disponible que sur son blog. Nous discutons des bases du dessin, ces volumes qu'il faut impérativement savoir maîtriser pour ensuite pouvoir à peu près tout dessiner. Il illustre ses propos de quelques crobards sur une page tandis que sur l'autre, il me dédicace un superbe Averell en clin d'oeil à un commentaire que je lui avais laissé sur son blog la veille. L'ensemble est assorti de quelques phrases chaleureuses qui me vont droit au coeur. Je suis ravi, la rencontre s'est bien passée. Peut-être retenterai-je ma chance l'après-midi, mais vu le monde qui déboule désormais de toutes parts, je ne suis pas très optimiste. En tout cas, je ne suis pas près d'oublier ces quelques minutes d'échanges.
Je me balade désormais dans un chapiteau de plus en plus bondé et je dois aussi retrouver ma femme et ma mère. Je cherche aussi le stand où Joêl Dicker doit dédicacer son dernier livre La Vérité sur l'affaire Harry Quebert. Si le stand est bien là, l'écrivain brille par son absence. Il est désormais presque midi, le monde grouille autour de moi, il y a une queue monstre chez Geluck et je suis bien content de ne pas être intéressé. Je décide, après avoir retrouvé ma petite troupe, de quitter la fourmilière. Direction : le restaurant Le Grain de Sel que nous avions découvert avec enthousiasme l'année dernière. C'est un endroit un peu feutré, calme, où les gens ne sont pas les uns sur les autres. Il y a encore peu de monde lorsque nous y entrons vers 12h15 et ça me va parfaitement. La foule n'a jamais été ma tasse de thé mais il est des sacrifices qu'il faut savoir faire pour partager de précieux instants comme ceux de ce matin.
Au restaurant, nous prenons tout notre temps, la serveuse aussi d'ailleurs et c'est parfait. Leur salade composée est un délice et que dire de leur fondant au chocolat au coeur de fruits rouges. J'en profite, il faut bien se faire plaisir de temps à autre. Je pique du nez aussi, une fatigue lourde me rattrape et je dormirai bien. Je lutte mais je sais d'ors-et-déjà que la fin de journée sera difficile.
Pendant que ma femme et ma mère décident de ne pas retourner au salon et privilégient les emplettes en ville, je me la joue en solo. Je me rends tout d'abord à la librairie BD "Bulles de Papier" (présente aussi sur le salon, évidemment, puisque c'est cette enseigne qui chapeaute les séances de dédicaces). Je récupère mes réservations, le nouveau Gaston VO et le Niourk de Vatine, et je prends deux-trois petites choses en plus, c'est pas bien raisonnable tout ça, mais que voulez-vous ? Cette journée a je ne sais quoi d'euphorisant qui pousse à la consommation et comme je suis trop fatigué pour lutter...
Je reviens au parking souterrain déposer mes achats. A proximité du salon, une file de plusieurs centaines de mètres s'est formée et je sens que me faire dédicacer mon 2eme Lucky Luke par Achdé va être très très compliqué. Je pèse le pour et le contre et me demande si je dois m'entêter. D'autant qu'il est déjà 3 heures et que je dois être reparti dans moins de deux heures. J'en profite d'ailleurs pour pousser mon unique gros coups de gueule du salon. Ceux qui sont déjà venus le matin et qui s'absentent juste le temps d'aller déjeuner devraient pouvoir revenir facilement, par un système de tampons par exemple comme ça se fait un peu partout. Là, si vous avez le malheur de sortir, vous en êtes quitte pour refaire la queue. Et vu la fenêtre horaire dont je dispose et le peuple au dehors, il n'en est pas question. Ou je rentre fissa, ou je renonce.
Je me rends à la sortie du chapiteau, puisque l'entrée est synonyme d'une file d'attente de centaines de mètres. Je sens que le type en faction ne va rien faire pour moi et j'ai bien raison. Et pendant que je me prends à deux reprises une fin de non-recevoir, l'heure tourne. Tant pis, je tente le diable en me dirigeant vers l'entrée des artistes, réservée par conséquent aux seuls auteurs et équipes de presse. L'agent de sécurité consent miraculeusement à céder à mes suppliques mais il me prévient que je serai de toute façon refoulé lors du prochain contrôle lors duquel on ne manque pas de me demander mon badge. Second miracle : je ne l'ai pas, bien évidemment, mais je passe quand même. Là où je rigole moins, c'est lorsqu'un troisième larron se pointe dix mètres plus loin avec la même requête. Mais là encore, sans avoir besoin de vraiment me justifier, je passe quand même. Je déboule dans le chapiteau tel un conquérant. Je sais désormais que rien ne m'empêchera d'avoir ma seconde dédicace. Il y a quelques personnes devant moi au stand d'Achdé qui est heureusement déjà revenu de sa pause déjeuner. Nous nous retrouvons donc une deuxième fois et c'est à un superbe Lucky Luke que j'aurais droit. Achdé s'excuse presque de se montrer moins bavard qu'en matinée mais il faut dire qu'il peaufine sa dédicace. Ce qui ne l'empêche pas de s'intéresser à ce que je fais dans la vie et de m'encourager face à mes difficultés actuelles. Et comme je fonctionne à l'affectif, tendance éponge, je prends avec plaisir ces mots qui ne peuvent que me tirer vers le haut. Puis, après une franche poignée de main, je prends congé, plus que content de cette rencontre enfin concrétisée. Content aussi d'avoir rencontré un gars humble et disponible, totalement raccord avec l'idée que je m'en faisais en discutant virtuellement sur son blog ou au travers de plus rares courriels. J'espère que ces bons moments en amèneront d'autres mais en tout cas, c'est un immense MERCI que je vous adresse Achdé, ce fut un plaisir !
La parenthèse Brive touche à sa fin. Je renonce définitivement à rencontrer Joël Dicker quand je vois le flot de visiteurs engloutir la grande salle. Je ressors tout content, reconnaissant envers cet agent de sécurité compréhensif, et je prends une grosse bouffée d'oxygène. Je bois une bière au café d'en face en attendant mes deux femmes, évitant par la même occasion une averse courte mais dense.
Quand elles arrivent enfin, nous reprenons la route. Je dois m'arrêter à Souillac chercher un couscous, un vrai de vrai concocté par la femme de mon ami Kamel qui, lui, fait des kebabs comme personne. On arrive un peu en avance et on se repose dans la voiture. On repartira un peu en retard aussi sur l'horaire prévu et du coup la fin de journée sera assez speed, le temps de rentrer, de ramener ma mère sur Sarlat et de passer au Carrefour parce qu'il y a des promos sur des packs d'eau dont elle aimerait bien bénéficier avant que l'offre ne soit plus valable. Je sais, c'est follement intéressant mais c'est raccord avec le titre du billet.
Je rentre enfin à la maison, déjà passablement épuisé et les jambes douloureuses d'avoir beaucoup conduit, marché et piétiné. Mais j'ai faim et le couscous me fait de l'oeil. Un ami et voisin nous rejoint. Petite tablée conviviale à trois autour d'un couscous délicieux comme jamais je n'en ai mangé jusque là, accompagné d'un Sidi Brahim de circonstance. La semoule est légère comme tout, le plat extrêmement copieux, bref, on en a vraiment eu pour notre argent et on remettra ça certainement très vite.
Dans la foulée, on se mate le Tintin de Spielberg. Ayant jeté toutes mes dernières forces dans le repas, je capitule et m'endors lamentablement en moins de 30 minutes. Sans regret, n'ayant pas accroché au début des aventures animées du célèbre reporter. En plus, le rythme des péripéties de Tintin est trop élevé pour moi qui aspire au calme, au calme, au caaaaalme...
Quand notre voisin prend congé, il est 1h30. Je ne fais que cligner des paupières tant je suis dans les choux. Dodo d'urgence, le vrai, dans un lit, enfin ! ! !
Mais quand même, quelle journée ! Et quelle rencontre ! Le pied intégral, merci à tous ceux qui y ont contribué, de près comme de loin !
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J'ai passé un excellent moment à lire ce billet. Je suis très heureux que tu ais pu passé une journée aussi fantastique à tes yeux. Je te souhaite d'en avoir plein d'autres.
RépondreSupprimerHeureux de lire que tu as été heureux de me lire ! :-)
SupprimerAlors tout va bien dans le meilleur des mondes .... ;-)
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