Dan Slott avait été le scénariste qui avait entretenu l'espoir grâce au brillant arc consacré au Spiderman Supérieur. Mais c'est lui qui me pousse aussi à véritablement arrêter de lire les aventures du Tisseur suite au grotesque du Spiderverse, gigantesque saga où de multiples versions de l'araignée, issues de multiples mondes ou de divers espaces-temps, cherchent à s'allier contre plusieurs ennemis qui veulent leur faire la peau. peu importe le pitch d'ailleurs, le mal est plus profond : Spiderman n'est plus ce qu'il était et ça fait de trop longues années que cela dure. D'ailleurs, il n'y a pas que dans les comics que le héros bat de l'aile : il n'y a qu'à voir la pléthore de "reboots" au cinéma pour tenter d'attirer de nouveaux lecteurs tout en laissant à quai les anciens. Car ce qui faisait le sel, l'essence même de Spiderman a disparu : sa vie privée, ses faiblesses, ses questionnements. A présent, les combats s'enchaînent pendant que les personnages emblématiques sont laissés de côté. Ses aventures sont devenues poussives, technologiques, complexes et surtout inintéressantes et creuses. Alors j'arrête. Point final. Pourtant, ce n'était pas grand chose, cinq euros par mois pour entretenir la flamme. Mais même ça, je ne peux plus. Le numéro d'août, acheté hier, je n'ai pas pu en lire une page. Je l'ai feuilleté péniblement, ai poussé un gros soupir las et l'ai abandonné négligemment sur le canapé.
Même si la qualité n'est plus là et qu'on en est bien conscient, c'est toujours difficile de renoncer à un personnage qui vous a tant apporté. Bien avant de découvrir les Strange, Nova et consorts, références absolues de cet âge d'or des comics, c'est en parcourant les pages du quotidien régional Centre-Presse que j'ai découvert pour la première fois les comic-strips signés Stan Lee et John Romita avec de superbes histoires en N&B aux graphismes somptueux. Comic-strips qui furent ensuite repris, en N&B puis en couleurs dans les pages de Télé Poche. Que ce soit dans les journaux ou dans les magazines TV, je découpais tout, gardais tout précieusement. Et puis je découvris Strange.
Je ne sais pas exactement à quel numéro j'ai pris le train en marche surtout que j'achetais pas mal d'autres titres des éditions Lug mais ça devait correspondre à peu près à l'arrivée de John Romita Jr sur le titre. Une claque visuelle à l'époque où le fiston Romita savait vraiment bien dessiner et où il s'appliquait surtout. Et comme les histoires avaient vraiment de la gueule (merci Roger Stern, entre autres), c'était un plaisir renouvelé à chaque page.
Après le binôme Stern / Romita Jr, ce fut celui de De Falco / Frenz qui prit le relais. Il fut très décrié à l'époque car le dessinateur avait un style très différent de Romita Jr. Mais moi, tout en regrettant le départ de ce dernier, je prenais un pied pas possible avec ce nouveau duo d'auteurs. Le super-bouffon et les guerres de gangs comme toile de fond y furent pour beaucoup.
En même temps, je redécouvrais l'oeuvre du père Romita que je n'avais qu'effleurée via les comic-strips grâce à certaines rééditions d'histoires plus anciennes, notamment grâce à la collection des grands albums "Une aventure de l'araignée". Bien des années plus tard, Panini se risqua à rééditer à son tour et chronologiquement l'âge d'or de Spiderman (et d'autres séries d'ailleurs) dans des albums cartonnés très onéreux et à jeter du fait d'une politique de nouvelle traduction catastrophique.
Puis progressivement, la qualité des séries présentes dans Strange (mal commun à l'ensemble des titres Lug) déclina de façon drastique. Spiderman ne fit pas exception à la règle et c'est au n° 230, en février 1989, que je mis un terme à mes lectures. J'avais 17 ans. A part le menu regret de ne plus suivre les aventures d'Iron-Man signées Mark Bright, plus rien ne m'intéressait dans ces revues qui m'avaient pourtant tellement apporté.
J'ai attendu 11 ans et janvier 2000 pour m'y remettre. A cause de cette couverture où Spidey avait fort à faire avec son ennemi de toujours, le Bouffon Vert. Un effet madeleine de Proust, sans doute, car je n'ai pas pu résister. Comme Romita Jr faisait encore partie des dessinateurs oeuvrant en alternance sur la série, c'était la cerise sur le gâteau. Je n'ai pas eu néanmoins à regretter mon infidélité de 11 années, période pendant laquelle mon personnage préféré s'était embourbé. Tout d'abord avec le dessinateur Mac Farlane dont je n'ai jamais compris l'engouement qu'il pouvait susciter auprès de certains, même en me disant que tous les goûts sont dans la nature. Ensuite avec la saga catastrophique dite du clone qui fut un désastre éditorial aux USA puis en France et dont, pur hasard, mon numéro de reprise signait globalement la conclusion. Dès le mois suivant, la numérotation de la revue repartait de zéro. Et moi je reprenais le train en marche pour ne plus le quitter jusqu'à ce mois d'août 2015. Bien-sûr, j'avais hésité à de nombreuses reprises à arrêter de nouveau devant la baisse de qualité du titre au fil des années mais j'avais tenu bon. Là, ce n'est plus possible.
J'ai beau pouvoir me replonger à loisirs dans mes lectures de Spiderman passées, il n'en reste pas moins que c'est un peu une page qui se tourne. Définitivement il me semble car Marvel semble avoir fait le tour des bonnes histoires et des bons dessinateurs susceptibles de les mettre en scène, deux conditions indispensables simultanément pour relancer l'intérêt. Je ne me vois pas avoir la même nostalgie dans 10 ans, pas parce que je serai trop vieux, la BD n'a pas d'âge, mais parce que je reste persuadé que la série Spiderman, bien que toujours vivante dans les faits, fait déjà partie du passé et que la situation ne s'améliorera pas.
Je ne suis même pas triste. C'est juste que c'était mieux avant. Et si cette phrase peut parfois en faire bondir certains, moi le premier sur certains sujets, je pense que dans ce contexte précis, je l'assumerai toujours. C'était tellement mieux avant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire