mercredi 26 avril 2017

Papeete 1914, par Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice



Mes achats lors du festival de Gruissan furent tous des découvertes ou des coups de cœur. Découvertes concernant Franck Biancarelli avec Grand Est et Le Circuit Mandelberg, et coup de cœur pour le dessin de Sébastien Morice concernant le diptyque Papeete 1914.

Je ne reviens par sur le plaisir pris à la lecture des deux ouvrages dessinés par Franck Biancarella mais si je parle davantage de découverte le concernant, c’est que mes achats avaient initialement pour but de le rencontrer et d’échanger. Mes lectures m’ont simplement conforté dans mon choix de m’être laissé tenté.

Pour Papeete 1914 en revanche, ce fut un coup de foudre immédiat pour les couvertures des deux tomes composant la série, Rouge Tahiti et Bleu Horizon. En feuilletant brièvement les ouvrages, j’ai su quasi-instantanément que j’allais repartir avec. J’adore ce type de dessin, au premier abord assez épuré, qui procure une sensation de dépaysement immédiat, même si le cadre choisi était déjà une invitation au voyage en soi. Et puis il n’y a pas que le trait de Sébastien Morice qui séduise, sa palette de couleurs fait le reste, même si je ne comprends pas bien pourquoi le talentueux (dessinateur) coloriste a été assisté à chaque fois sur la deuxième moitié de chaque album. En tout cas, le rendu est superbe et certaines vues panoramiques font vraiment envie. Et le charme des vahinés ne gâche évidemment rien, bien que leur sort soit souvent funeste dans ce récit où s’entremêlent pan méconnu de l’Histoire et polar. Je ne me souviens pas avoir eu un tel plaisir visuel depuis le très séduisant Où le regard ne porte pas.


Et le scénario, me direz-vous ? Cela tombe bien, j’ai justement pu en discuter avec l’auteur Didier Quella-Guyot. J’avoue que passée la déception de n’avoir pas pu obtenir une dédicace de Sébastien Morice, absent, mes échanges avec Didier, en compagnie de nos épouses respectives, furent extrêmement plaisants et instructifs. Pourtant, lorsqu’il se présente comme professeur d’Histoire-Géographie, je tique imperceptiblement. Car, pour moi, un excellent professeur ne fait pas forcément un bon scénariste ou dialoguiste et je crains un peu de me retrouver face à une écriture « historienne » un poil redondante. Ce ne sera jamais le cas. L’histoire, librement adaptée d’un fait divers peu connu, le bombardement de l’île de Tahiti par des croiseurs allemands à l’aube de la première guerre mondiale, est très intéressante. Certains personnages ont réellement existé, d’autres sont fictifs, mais tous sont passionnants à suivre et hauts en couleurs. L’originalité de la narration, où s’entrecroisent plusieurs correspondances ou plutôt journaux de bord, ajoutent à l’originalité de l’ensemble. Enfin, incorporer un aspect policier, par le biais de la résolution de plusieurs meurtres de vahinés permet de garder l’attention du lecteur et d’assurer une dynamique permanente du récit.


Chaque tome est enrichi d’annexes historiques, celles de Rouge Tahiti remettant la série dans le contexte historique de l’époque, celles de Bleu Horizon présentant les personnages de la BD ayant réellement existé, ce qui permet de jauger les traits préservés et les libertés prises.


Pour une fois que je suis à jour de mes séries en cours, je suis bien content d’avoir pu explorer d’autres horizons et découvrir cette pièce en deux actes. Le tandem Quella-Guyot / Morice, un duo à suivre ! 

(visuel du TT du T2)

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