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A l'occasion des 60 ans de Gaston Lagaffe, orphelin depuis 20 ans de son papa André Franquin, 60 auteurs ont décidé de rendre hommage à ce personnage emblématique et haut en couleurs de la BD belge. Entreprise risquée s'il en est et d'ailleurs l'exercice n'évite pas quelques écueils, notamment lorsque les dessinateurs s'éloignent un peu trop du trait de Franquin (certaines planches étant de surcroît visuellement bâclées) mais surtout de l'esprit de Gaston Lagaffe. A ce titre, il y a des gags vraiment décevants, honteusement expédiés et que l'on ne peut cautionner même si un hommage est avant tout infiniment personnel. Entre travail de commande et authentique respect de l'oeuvre de Franquin, on s'y perd parfois...
Mais, en refermant l'ouvrage, on est finalement surpris de constater qu'il y a de belles choses, de très belles choses même. Suffisamment pour encourager l'achat de ce recueil sans guère de réserves. Les quelques pépites de l'album rattrapent le reste et ce sont ces gags inspirés qui resteront. Par contre, s'il a évidemment fallu faire un choix pour sélectionner 60 auteurs, il est des absences que l'on s'explique assez difficilement tandis que certaines présences apparaissent comme largement dispensables. Je ne citerai pas de nom, dans un sens comme dans l'autre, cette critique étant largement subjective mais bon, c'est un peu frustrant tout de même.
J'ai sélectionné quelques planches parmi celles qui me semblent globalement incontournables. Que cela ne vous dispense en rien de vous procurer l'ouvrage, mes goûts personnels n'étant pas forcément susceptibles d'être représentatifs des vôtres.
Delaf, que je ne connaissais absolument pas, signe ce qui est à mon sens la pièce maîtresse de ce recueil. Hormis le dessin d'une fidélité absolue, bel hommage au côté maniaque de Franquin qui cent fois sur le métier remettait son ouvrage, Delaf pond un gag extraordinaire et tellement dans l'esprit du maître que ça en est immédiatement émouvant. Je me considère comme un puriste concernant Gaston mais si la série devait finalement perdurer grâce à lui (on peut rêver), je crois que je m'en accommoderais sans souci.
Cromheecke et Sti signent une planche absolument dans l'esprit du matériau original, tout y est : l'humour, les jeux de mots aussi faciles que drôles et le sempiternel échec de signature des contrats. Mais alors, le dessin, je n'y arrive pas. Pas au point néanmoins de gâcher mon plaisir mais c'est vraiment parce que le gag est bon !
Trois gags, parmi d'autres, qui sont aussi pleinement dans l'esprit de l'univers de Franquin. Que ce soit au sein de la rédaction ou dans la Fiat de Gaston, ces saynètes nous semblent tellement familières. Côté dessin, c'est plus ou moins inspiré mais il y a là-aussi de très belles choses.
Petit chef d'oeuvre signé Pascal Jousselin. Un petit bijou de poésie et d'émotion, avec un clin d’œil à la fameuse scène où Gaston, endormi au beau milieu de centaines de livres dont il avait en charge le rangement, dégageait une telle sensation de bien-être que personne n'avait à cœur de le réveiller. Et superbe illustration de l'impact de ces univers si précieux pour nous, enfants, et dans lesquels nous plongions avec tellement de gourmandise.
Rudy Spiessert livre une composition ma-gni-fi-que et inspirée des fameux running-gags sur les tenues costumées de Gaston et sur le non-moins fameux leitmotiv : "Ah oui mais... si on danse ?". Je trouve cette illustration réellement superbe.
José Homs livre un gag d'une facture très classique mais qui fait mouche. Il a surtout un trait monstrueusement fabuleux ! Sa mademoiselle Jeanne est de toute beauté ! Graphiquement, il faut vraiment que je m'intéresse à ce que fait ce dessinateur, je suis désormais officiellement fan !
Encore un bel exemple de planche remarquablement travaillée artistiquement, cette fois par William et Cazenove. Je n'ai toujours pas compris pourquoi la nappe prenait la poudre d'escampette mais la planche a un charme fou ! Et puis, Mademoiselle Jeanne et Gaston, ben, c'est mademoiselle Jeanne et Gaston, quoi... Indémodable !
J'ai mis du temps à m'attacher aux univers de Nob, le papa (c'est le cas de le dire !) de Dad. Mais alors que sa série principale me séduit de plus en plus, je trouve que les deux planches pondues pour ce recueil (seul ou avec le talentueux Alessandro Barbucci) sont remarquables. Dans la première, on retrouve toute l'émotion que Nob sait véhiculer dans ses histoires et dans la seconde, de facture certes plus classique dans son traitement, on replonge avec délectation dans le Gaston de la grande époque. La classe absolue !
J'ai décidé de conclure ce billet avec 4 planches inégales sur le plan graphique (celle d'Obion est néanmoins de toute beauté ! ) mais très originales quant à leur rapport avec Aimé De Mesmaeker, le célèbre homme d'affaire qui ne parvient jamais à signer ses contrats. La première (ci-dessus) est d'un cynisme absolu mais d'une remarquable intelligence. La chute est particulièrement bien trouvée. J'adore ce type de mise en abîme démontrant que l'on peut être fidèle et respectueux de l'univers de Franquin tout en se l'appropriant.
Toutes les conditions sont réunies pour que rien n'empêche la désormais fantasmée signature des contrats jusqu'à ce que... Prunelle craque, même en l'absence de Gaston. Mine de rien, belle revanche pour De Mesmaeker même si, définitivement, tout est à refaire.
Brillant gag de Bouzard malgré mon aversion pour son trait (et sa réappropriation de Lucky Luke). Une planche qui rappelle que finalement Gaston fut le seul, sous la plume de Franquin, à obtenir deux signatures de contrats (Qui a oublié le cosmo-coucou et la fameuse soupe ?) de la main de De Mesmaeker. Ici, Gaston, bien involontairement, inflige le coup de grâce à Fantasio en réussissant là où il a toujours échoué. Tellement bien vu !
Bref, après ce petit tour d'horizon, et malgré quelques réserves énoncées plus haut quant au manque d'implication de certains auteurs et à la variété parfois préjudiciable des différents univers graphiques, "Gaston : La Galerie des Gaffes" est un ouvrage que je vous recommande chaudement. D'autant plus que je suis habituellement hermétique à ce type d'initiative. Mais là, globalement, la mayonnaise prend. Alors pourquoi bouder son plaisir ?
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Dommage que la dernière case de l'image de la planche de Delaf n'est pas plus grande dû au manque d'espace. Il y aurai de quoi imaginer DeMesmaker (qui aurait encore une fois essayé de signer ses contrats en vain), l'agent Longtarin ainsi que Ducran et Lapoigne collés au plafond avec la mouette en train de rire de la situation. ;-)
RépondreSupprimerEn revanche, j'ai bien aimé le petit caméo de Spirou et Fantasio.
Hello matte nice blog
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