lundi 16 avril 2018

Comics Signatures 3 met les éditions Lug à nu



Après un premier numéro fabuleux consacré au monde de l'homme-araignée, un deuxième axé majoritairement sur le géant John Byrne, Comics Signatures n°3 débarque avec un numéro rempli jusqu'à la gueule d'un sacré plat de résistance : les éditions Lug, celles qui ont permis aux mômes puis ados que nous étions de vibrer mois après mois aux péripéties de nos héros au travers de multiples revues désormais cultissimes : Strange, Nova, Spidey, Titans, Spécial Strange ... et, si l'on remonte encore un peu plus loin, Marvel et Fantask.

La marque de fabrique des Comics Signatures, et d'une manière plus générale des ouvrages de Neofelis Editions dans leur globalité, est de proposer des dossiers ultra-documentés, de pousser extrêmement loin les investigations pour donner au lecteur le plus d'éléments possibles susceptibles de l'éclairer et surtout d'apprendre. Car, à chaque fois que l'on feuillette un Comics Signatures, on découvre une multitude de choses. Moi qui me serait cru incollable sur ce bon vieux Spidey par exemple, prétentieux que j'étais, j'ai du revoir ma copie tant le premier volume regorgeait d'anecdotes méconnues et savoureuses. Ma fierté en a certes pris un coup mais alors, quel plaisir de lecture ! 

Le troisième tome ne déroge pas à cette règle et, en montrant les coulisses des éditions Lug, les auteurs déversent une telle corne d'abondance d'informations qu'il faut un sacré bout de temps pour bien les intégrer. D'ailleurs, si j'ai attendu deux bonnes semaines pour enfin en parler ici, c'est vraiment que j'ai eu de quoi faire ! Mais attention, ne nous y trompons pas, si le (très) gros dossier consacré aux éditions Lug (et aussi à l'envers du décor) est d'une densité incroyable, il est également passionnant de bout en bout ! Pierre-Alexis Delhaye a rédigé là un pavé encyclopédique de plus de 100 pages (sur les 180 du fanzine) d'une rigueur chirurgicale. Tout y est évoqué : le contexte de la créations des éditions Lug, les rapports de confiance avec les interlocuteurs américains dont elles adaptaient les aventures, le rôle de chacun au sein des équipes (traductions, retouches, distribution...), l'importance de l'artiste peintre Jean Frisano (y compris la reconnaissance des Américains sur son superbe travail), l'adaptation d'un produit américain à un public français et les processus de création, les foudres de la si frileuse censure (et les multiples tentatives pour s'en accommoder -jusqu'à l'autocensure par des retouches ou la suppression pure et simple d'épisodes- ou la contourner), le choix des formats, des contenus, les évolutions tarifaires, les différences de contexte culturel d'un pays à l'autre et ses conséquences, le lectorat etc. Et ce n'est pas le seul intérêt de ce numéro, loin s'en faut, entre les planches de montage, les archives de Ciro Tota ou de Jean-Yves Mitton, la "Mikros micromania" signée Thierry Mornet, une interview du même Tota par Franck Biancarelli et j'en passe...


La lecture est en permanence agréable mais il y a tellement d'éléments mis à disposition, tellement de références que la progression ne peut se faire que par paliers. Le tout est d'une cohérence et d'une richesse folles. Un tel exercice de haute voltige implique de menues redites mais l'éclairage nouveau est tel qu'on passe outre sans aucun problème. Une fois la lecture achevée, on comprend que les éditions Lug ont du batailler sans relâche pour proposer un produit aussi abouti que possible avec des contraintes extrêmement pesantes qui nécessitaient un travail titanesque en amont. On comprend aussi pourquoi certaines séries, DD et le run Born again notamment, ont du passer à l'as malgré un vent de révolte parmi les lecteurs de l'époque. On comprend surtout qu'il fallait que le noyau dur des équipes Lug soit résolument composé de passionnés purs et durs pour tenir face à une telle cadence de travail et autant d'imprévus au quotidien. En tout cas, la lecture permet aussi de replonger en enfance et ça fait un bien fou ! 

Et comme la part de textes du dossier est conséquente (mais parfaitement aérée dans sa mise en page), Neofelis Editions a remarquablement rééquilibré les forces en présence avec une foule de visuels. En plus d'illustrations émaillant le dossier principal, souvent judicieusement choisies (même si j'ai parfois regretté qu'une référence dans le texte n'ait pas systématiquement son équivalent en image pour parfaitement étayer le propos), nous plongeons au cœur des éditions Lug grâce à une visite virtuelle des ateliers rendue possible par le talent du dessinateur Michel Montheillet. Une incursion très immersive où les artistes nous apparaissent, donnant le meilleur d'eux-même dans un lieu désormais familier. Visuellement, le pétage de rétine se prolonge tout au long de l'ouvrage avec quelques peintures supplémentaires de Jean Frisano, des illustrations de Tota croquant ses petits camarades de chez Lug, des couvertures, des épreuves couleurs d'impression, des planches ou des cases avant et après retouches et une foultitude d'autres illustrations du plus bel effet.

Vous l'aurez compris, je pourrais parler pendant des heures de ce sublime numéro et, en même temps, c'est un exercice délicat tant il y aurait justement à dire. Je n'ose imaginer la difficulté qui a du être celle des concepteurs pour proposer quelque chose d'aussi exhaustif, cohérent et fouillé en s'y retrouvant à chaque étape de création. De l'extérieur, je me dit que ça a du être un truc de malade à mettre en place.


Et au final, on a quoi ? Et bien, un petit miracle comme d'habitude. Un futur incontournable, quoi ! 
D'autant que, fidèle à ce qu'il avait inauguré lors du Comics Signatures n°2, l'éditeur Neofelis propose pas moins de deux couvertures, l'une en prise directe avec le dossier Lug avec une illustration de Michel Montheillet et un Spiderman surgissant du logo Lug du plus bel effet (en référence au poster du Strange 91) et l'autre en hommage à la saga Mikros de Jean-Yves Mitton et signée du très inspiré Jean-Louis Sanglan. Et si le choix s'avère trop compliqué, vous pourrez même vous offrir les deux tirages si le coeur vous en dit. Dans tous les cas, ne tardez pas trop, les Comics Signatures sont tirés à peu d'exemplaires (1000 ex pour ce 3e volume, 500 couverture 1 et 500 couverture 2) et sont vite épuisés. Vu la superbe qualité de ces ouvrages, ce serait dommage de passer à côté !

Pour commander, c'est toujours ICI, sur le site de Neofelis Editions que ça se passe ! 

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