jeudi 13 juillet 2017

Dans LEFEUVRE de l'action (2) : Fox Boy 1 & 2





On continue dans les méandres de l'univers de Laurent Lefeuvre avec Fox Boy que j'ai adoré jusqu'au bout de ces deux tomes qui s'attardent sur la genèse de ce héros pas comme les autres. Je suis bien content de n'être "que" lecteur lambda et pas critique spécialisé es BD car j'aurais bien été incapable de pondre un billet structuré sur tout ce que je viens de lire. Je peux juste dire que c'est énorme, que j'ai pris un pied pas possible, que c'est malin et bien fichu comme tout, que c'est bourré de clins d’œil et de références, que tous les tiroirs qui s'ouvrent ont une explication démontrant que rien n'est laissé au hasard, que c'est beau, dynamique, prenant, varié... Je continue ?


Evidemment, me concernant, Fox Boy, surtout dans son deuxième volume, prend une saveur toute particulière de par les passerelles qu'il s'autorise avec Tom et William, BD référencée dans le billet précédent. C'est un vrai plus d'avoir fait ce voyage avant mais avoir loupé le coche n'est pas rédhibitoire non plus. Mais il y a une telle cohérence entre les deux œuvres qu'il serait dommage d'en occulter une par rapport à l'autre.


Toujours me concernant (et l'avantage de Fox Boy est bien de proposer un plaisir de lecture dépendant aussi de nos propres influences), la naissance de ce héros a des similitudes certaines avec l'univers de Spiderman : une certaine maladresse dans l'utilisation de pouvoirs nouvellement acquis (dans des conditions nébuleuses remarquablement expliquées dans le deuxième arc du tome 2), un personnage clé qui fait à la fois office de Flash Thompson (de par son rapport initial au héros) et de Gwen Stacy (avec la prise de conscience de ce qu'un grand pouvoir implique). On peut même, toutes proportions gardées cette fois, faire un parallèle entre l'indifférence affichée par le héros face à la détresse d'une enfant qui lui semble anodine lors d'une vacance de ski en Auvergne et la même indifférence chez l'homme-araignée lorsqu'il laisse filer un malfrat sans imaginer les conséquences que cette non-intervention entraînera.
Je parle de Spiderman parce que c'est un personnage qui a beaucoup compté pour moi mais je pense qu'il y a des références vis à vis de tout type de personnage de son enfance. Et puis, les pouvoirs qui sont synonymes de responsabilités, c'est un peu universel tout de même.



La force de Laurent Lefeuvre -et le risque aussi- est d'avoir proposé sous le masque du héros un ado détestable au possible pour lequel il n'est pas possible d'avoir de l'empathie au départ, à moins de se situer soi-même dans la catégorie des fouteurs de merde assumés. Pol a des facilités à l'école en n'en fichant pas une, est d'une arrogance pas possible, fait preuve d'une cruauté assez prononcée vis à vis de ses têtes de turc et reste globalement asocial en toutes circonstances. L'évolution d'un tel personnage est passionnante à suivre car tout sauf évidente au départ. Et elle fonctionne remarquablement.

L'auteur réussit encore un dosage quasi-parfait des genres. On est emporté de bout en bout, il y a de l'action, des moments d'intimité, de l'humour (le type qui veut s'affirmer en tant que nouvel héros en devenir mais qui prend quand même sa DS au cas où il s'emmerderait entre deux actes héroïques, je trouve ça juste décalé comme il faut et bien fendard).

Et puis la réussite de Fox Boy réside aussi dans la capacité de Laurent à distiller des atmosphères maîtrisées de bout en bout. A ce titre, l'aventure en Auvergne est un modèle du genre. L'auteur exploite les éléments (neige, brouillard, froid glacial) avec un tel à-propos que cet univers hostile, nocturne de surcroît, étreint tout au long de l'épisode.


Avec un scénario prenant, sans aucune baisse d'intérêt ou de rythme, avec un dessin et un encrage très séduisants et des couleurs superbes (bien plus à mon avis que dans Tom et William), Fox Boy est pour moi un must absolu. J'ai longtemps attendu avant de me lancer dans les univers barrés de Laurent Lefeuvre, d'une part parce que j'ai moi-même un retard de lecture conséquent dans mes séries habituelles et d'autre part parce que j'ai un peu lâché l'univers des comics et que j'hésitais à y revenir. Bien m'en a pris ! Vivement la suite ! (même si les deux tomes clôturent le cycle de la genèse des pouvoirs de Fox Boy)


Demain, le triptyque consacré à Laurent s'achèvera avec son nouveau bébé : Comme une odeur de diable, adaptation BD de contes noirs signés Claude Seignolle. Tout un programme !
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