©CDolls
Regarde-moi. C'est la fin. Désormais je me meurs. J'ai mis toutes mes forces dans la bataille. Je ne me suis pas laissé faire. Mes blessures sont là pour témoigner de la violence de l'affrontement. Mais le combat était par trop inégal.
J'étais le dernier. Je me consume désormais comme tant se sont consumés avant moi. Une espèce à jamais éteinte comme tant d'autres, passées et à venir. Car ils ne s'arrêteront pas là, non, tu penses bien. Détruire pour détruire, ça ils savent faire. Et ils ne sont pas de ceux qui apprennent de leurs erreurs.
Mais ils y passeront aussi. Peut-être seront-ils les derniers. Mais ils mourront. C'est ma seule certitude au crépuscule de ma vie. Comme moi, ils faibliront sous les coups. Ils livreront une vaine lutte. Acharnée, sanglante mais vaine. Puis, prostrés, incrédules jusqu'au bout, victimes de leur propre suffisance, ils tomberont en cendres comme je m'éparpille moi-même.
Ils y passeront parce que la Nature gronde. Elle souffle, crache, tonne, submerge. Elle vocifère sa haine des hommes et les engloutira tous. Elle compte ses morts. Ses territoires perdus. Ses espèces décimées. Elle nous vengera tous. Elle va vous reprendre avec une extrême violence tout ce que vous avez pris de force. On vit avec la Nature, on ne se l'approprie pas, on ne la modèle pas à loisir. On ne la maltraite pas impunément.
Regarde-moi mon enfant. Innocente victime, tu paieras pour ceux qui t'ont précédé et que tu chéris tant, sans même prendre la mesure du désastre qu'ils ont engendré. Innocente victime, tu pourrais désormais avoir les intentions les plus pures qu'il serait trop tard. Tu sembles tellement loin des préoccupations de ceux qui t'ont enfanté et qui ne t'ont rien laissé.
Mon enfant, dans quelques instants, je m'évanouirai tel un profond soupir. Mes cendres dispersées seront alors l'unique et éphémère vestige d'une époque révolue. Et je ne pourrai plus rien pour toi.
Mon enfant, je crois que tu seras le prochain.
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