vendredi 14 juillet 2017

Dans LEFEUVRE de l'action (3) : Comme une odeur de diable



Je clôture ici le triptyque consacré à Laurent Lefeuvre (en attendant de prochaines aventures) mais déjà je tiens à le remercier personnellement pour les très bons moments de lecture et de "cramage" de rétine qu'il m'aura fait passer (il semblerait que le mot cramage n'existe pas, eh bien moi je vais dire que si, vu qu'il traduit exactement le plaisir visuel que j'ai eu à quasiment chaque page). Quatre ouvrages et trois œuvres plus tard, le constat est sans appel : je suis fan. Donc Laurent, merci ! Je remercierais bien aussi Phil Cordier de m'avoir donné l'envie de franchir le pas, de par les savoureuses entrées consacrées à l'artiste sur son blog, mais il pourrait être lassé que je le cite donc, comme vous pouvez en témoigner ici, je m'abstiens.


Laurent Lefeuvre adapte les contes noirs, macabres, horrifiques, légendaires, ruraux (cochez les bonnes cases) signés de l'auteur centenaire Claude Seignolle que je ne connaissais ni d’Ève, ni d'Adam, pas même de nom. C'est peu de dire que, même si l'on ne peut regretter ce que l'on ignore, je serais vraiment passé à côté de quelque chose ! C'est un genre que je connais peu, il me semble que le seul ouvrage "de référence" que je possède soit L'année du Loup Garou, des nouvelles du maître Stephen King illustrées par le regretté Bernie Wrightson. J'avais certes adoré et je le parcours encore de temps en temps mais vous avouerez que niveau influences, c'est un peu maigre. Suffisant néanmoins pour savoir avant même de commencer ma lecture que j'allais être séduit. Et ça n'a pas loupé ! 


Est-ce le fait d'avoir enquillé quatre brillantes lectures en quelques heures ? Ou le fait que l'heure soit tardive (près de minuit lorsque j'écris ces lignes) ? Ou simplement une douce paresse ? Toujours est-il que je ne vais pas rédiger ce billet de façon classique mais je vais plutôt énumérer les points qui, selon moi, font de cet album une réussite totale. C'est un procédé qui vaut ce qu'il vaut mais qui devrait me permettre de ne rien oublier tant on tient ici une oeuvre majuscule, réunion de deux talents tout aussi impressionnants.


-L'univers de Claude Seignolle et surtout son style. J'adore ses tournures de phrase, les mots qu'il emploie, le ton et qu'il et les atmosphères qu'il façonne, son côté conteur passionné et passionnant. Je n'ai qu'une envie : avaler, que dire engloutir, toute son oeuvre, ce qui est un petit miracle en soi quand on sait que, hormis les BD, je ne lis plus guère aujourd'hui. De ce que j'ai pu voir sur la page Wikipédia de l'auteur, il a été très prolifique donc ce ne sera pas facile de faire des choix dans une oeuvre aussi foisonnante. Je pense dans un premier temps privilégier les recueils de nouvelles car c'est un format qui me convient mieux. Mais comme je ne veux pas non plus prendre le risque de rater quelques perles parmi ses romans, toute aide concourant à me permettre d'y voir plus clair sera la bienvenue.
-L'avant-propos brillantissime et passionnant de Pierre Dubois, auteur qui aime à se décrire comme elficologue, d'autant plus que c'est lui qui a créé ce néologisme. C'est d'un ton et d'une qualité d'écriture peu communs. Ce n'est pourtant pas mon genre de prédilection à la base mais impossible de ne pas se laisser happer par ce conteur hors-pair. Une soirée au coin du feu avec ces deux pointures-là, ça ne doit pas avoir de prix ! 

Pierre Dubois © Edouard Hue 2013

-Le travail de Laurent Lefeuvre : Je n'ai certes pas l’œil de Phil Cordier (ce nom vous dit quelque chose ?) pour livrer un ressenti technique sur le travail effectué par Laurent, notamment au niveau de l'encrage mais pas besoin d'être devin ni d'avoir le flair de Fox Boy pour sentir à quel point l'implication du dessinateur a été totale et inspirée. Chaque dessin est une oeuvre de méticulosité, de précision, de maîtrise, d'hommage respectueux à d'anciennes lectures de jeunesse, et le choix du N&B, seul choix possible selon moi, permet vraiment de se régaler des traits si variés de Lefeuvre. Car en plus de créer des univers sombres d'une cohérence absolue, de distiller des ambiances tout en opacité, ce dernier se permet de varier son style (et les plaisirs) d'un conte à l'autre. Il y a quelques pleines pages particulièrement savoureuses, comme celles mettant en lumière Claude Seignolle (mais pas que) mais l'ensemble de l'ouvrage regorge de dessins inspirés et de découpages savants contribuant à asseoir définitivement l'atmosphère voulue par l'auteur. C'est un bel objet graphique et littéraire mais c'est avant tout un très bel hommage, renforcé par l'édition de qualité de Mosquito.


Je vous laisse avec quelques-unes des critiques dithyrambiques concernant Comme une odeur de diable. Il m'arrive parfois de critiquer DBD pour leur côté consensuel (comme ils aiment tout ou presque et qu'ils ne veulent froisser personne, c'est compliqué niveau guide d'achat) mais là, l'article élogieux est plus que de circonstance.


Voilà. 4 lectures, 4 gifles. Avec ce sentiment d'une progression constante. D'un plaisir de lecture sans cesse croissant (même si, dans le cas précis de Comme une odeur de diable, il s'agit davantage d'une oeuvre à quatre mains). J'ai autant hâte de suivre la suite des aventures de Fox Boy que de nourrir l'espoir d'autres adaptations aussi inspirées que celle-ci. Je me risque rarement à découvrir de "nouveaux" auteurs dessinateurs, j'aime bien ma zone de confort et je suis de toute façon assez hermétique à bon nombre de productions BD actuelles. Mais là, ,j'ai été bien inspiré de franchir le pas. Et comme désormais Laurent Lefeuvre fait justement partie de cette zone de confort, c'est un artiste que je vais suivre de très près. Comme tant d'autres avant moi.

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2 commentaires:

  1. Merci pour ce triple, riche, et flatteur éclairage !

    bonne continuation, en espérant ne pas te décevoir pour la suite.

    =;^)

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  2. Honnêtement, j'avais un peu hésité entre faire un billet global ou espacer les 3 dans le temps. Mais je me suis régalé alors autant le dire dans la foulée de mes lectures ;-)
    J'avais peur que tu trouves ça exagéré comme mise en avant, me voilà rassuré ! J'espère que le T3 de Fox Boy chez Delcourt ne tardera pas. Et que les inédits dans Pif ne le resteront pas.

    A bientôt et merci de ton passage !

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