Je viens de refermer le dernier ouvrage du très sympathique et talentueux Jean-Luc Loyer, Cintrée, et je dois bien admettre que j'ai été particulièrement déçu. L'histoire, que j'esquisserai à peine ici, était prometteuse sur le papier : deux âmes en peine de par notamment le rapport conflictuel à leur corps, obésité pour l'un, anorexie pour l'autre, se croisent et parcourent dans la difficulté comme dans une certaine forme de tendresse un pan de vie ensemble. Quand on sait que l'oeuvre est largement autobiographique bien que romancée et quand on connait le talent de Jean-Luc Loyer pour raconter avec tendresse et émotion de belles histoires, aussi cruelles soient-elles aussi parfois, il y avait vraiment de quoi espérer un nouveau chef d'oeuvre, 18 ans après La boite à 1 franc. Peut-être avais-je trop d'attentes, sans doute même, mais quand même, passer à ce point au travers d'une oeuvre, ce n'est pas banal. A aucun moment, je n'ai vibré ni même ressenti la moindre forme d'empathie pour les personnages et leurs "péripéties" somme toute ordinaires. Je suis resté à quai, je me suis même vraiment ennuyé pour tout dire. Le pire est que je ne saurais pas expliquer pourquoi. L'histoire se déroule mais la mayonnaise ne prend pas. J'avais l'impression d'assister à des scènes de la vie quotidienne de l'extérieur et de m'en foutre royalement.
Et c'est un sentiment que je n'ai pas aimé ressentir tant j'ai du respect pour l'auteur et tant je lui suis reconnaissant de l'infini plaisir de lecture qu'il m'a offert en 2000. Alors que là, c'est un peu comme s'il s'écoutait parler. Et, double manque de pot, même si son style de dessin reste facilement identifiable, j'ai trouvé son trait moins percutant et ses compositions moins inspirées, moins expressives. Je pense que dans quelques semaines, je tenterai une relecture parce qu'il y a une grosse part de moi terriblement frustrée de n'avoir pas pu / su apprécier le Loyer cuvée 2018.
Il n'en reste pas moins que, comme je le disais plus haut, Jean-Luc Loyer a signé en 2000 un bijou d'émotion : La boite à 1 franc. C'est une oeuvre majuscule que j'ai lue et relue un nombre incalculable de fois. Je suis persuadé d'en avoir déjà parlé, cela ne me semble pas possible autrement, mais pas moyen de remettre la main sur un billet de blog dédié. Et pourtant je suis remonté loin, bien avant Epistol'Arts !
La boite à 1 franc, c'est un hymne à l'enfance, c'est l'émerveillement face aux images de la première télé qui entre dans le foyer, c'est le désarroi d'un enfant et de sa famille confrontés à la maladie d'un proche, c'est le fragile équilibre entre les premières épreuves de la vie et de vrais moments d'insouciance. La boite à un franc, c'est un bonbon doux amer qu'on souhaiterait ne jamais finir tant il imprime durablement dans la tête des foules d'images d'une époque révolue, magnifiées par l'expressivité du trait de Loyer.
La boîte à un franc, c'est surtout un plaisir de chaque lecture. C'est sans doute ce que j'espérais retrouver, probablement un peu naïvement, avec Cintrée. Un état de grâce est forcément difficile à reproduire, surtout quand il est évidemment subjectif.
Je vais relire le Loyer de 2000. Pour celui de 2018, je vais attendre encore un peu...
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Pour te rassurer, même si je n'ai peut être pas lu tous tes billets de blog, je n'ai aucun souvenir d'avoir attendu parler du Loyer 2000...
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