version classique en couleurs
version collector, N&B
La série principale de Lucky Luke est tellement à bout de souffle, essentiellement du fait de scénaristes qui n'ont rien compris au génie et au sens du gag de Goscinny, qu'on en oublierait presque qu'il existe, chez le même éditeur Lucky Comics / Dargaud, des pépites en hommage à l'homme qui tire plus vite que son ombre. La dernière en date, Dakota 1880, est une réussite totale signée Appollo et Brüno qui nous renvoie aux débuts de Lucky Luke qui n'est pas encore la légende de l'Ouest qu'il deviendra sous l'inspiration de Morris et de Goscinny mais qui est déjà un franc tireur.
Pas de Jolly Jumper ici, pas davantage de Dalton, encore moins de Rantanplan. LL escorte la diligence de Hank du Dakota à la Californie en compagnie de Baldwin, un jeune de la Nouvelle-Orléans qui aspire à une vie meilleure loin de chez lui. Cette sorte de road movie qui leur fait traverser autant de territoires que de saisons plus ou moins hostiles est découpée en 7 chapitres dont certains se suivent alors que d'autres n'ont pour seul lien que la progression du groupe. Il s'agit surtout d'une étude de personnages hauts en couleurs remarquable.
Le scénariste Appollo livre une histoire passionnante dont la rupture parfois abrupte de certains arcs peut surprendre mais impossible de bouder son plaisir. La narration est d'une fluidité jamais prise en défaut, descriptifs et dialogues sont au diapason. La lecture est un plaisir permanent pour peu que l'on ne s'arrête pas à chaque dessin de Brüno tellement son travail flatte la rétine. Son style ne plaira peut-être pas à tout le monde avec son trait si particulier et faussement épuré mais pour les convertis comme moi qui suivent l'artiste depuis quasiment ses premières armes, c'est un bonheur permanent pour les yeux. Ses choix de perspectives, de cadrages, la beauté de ses paysages, ses ambiances toujours maîtrisées, sa mise en scène jamais prise en défaut contribuent tellement à la réussite de cet album. Rarement un binôme ne m'aura semblé aussi bien assorti que sur cette œuvre là.
Je devrais même dire trinôme, objectivement, tant l'apport de la coloriste Laurence Croix est essentiel. Ses couleurs sont magnifiques et les planches de Brüno lui offrent un terrain de jeu idéal pour montrer l'immensité de son talent. J'insiste sur ce point car j'étais parti pour me prendre la version N&B (d'autant que je préférais cette couverture à celle de la classique) et j'ai changé d'avis pour la version lambda du fait de la mise en couleurs.
Enfin, ne passez pas à côté de ce petit bijou qu'est l'interview figurant en dernières pages. Un must du genre pour refermer un album exceptionnel.
En tout cas, plus je rattrape mon retard monumental de lecture, plus je me dis : "Waouh, tu as quand même un sacré bon goût dans tes choix !"
Hééé oui, acheteur compulsif MAIS éclairé, c'est un métier !





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