lundi 30 avril 2012

La BD du Lundi : Dieu voyage toujours incognito




Pas de BD ce lundi mais je ne vais pas changer l'intitulé de ma rubrique du lundi pour une ou deux exceptions à la règle. Aujourd'hui, zoom sur le roman de Laurent Gounelle, Dieu voyage incognito, dont le précédent ouvrage, L'homme qui voulait être heureux, l'avait fait connaitre du plus grand nombre. J'avais d'ailleurs consacré un billet à ce premier ouvrage sur mon ancien blog et ceux qui le souhaitent pourront (re)lire le billet en question à la fin de celui-ci.

Dieu voyage toujours incognito renvoie à une réflexion d'Einstein. Alors qu'on interrogeait ce dernier sur le hasard, le physicien avait répondu : "Le hasard, c'est Dieu qui voyage incognito".

Alan Greemor est un jeune homme qui décide de mettre fin à son existence. Alors qu'il s'apprête à commettre l'irréparable, il est stoppé dans son élan par le mystérieux Yves Dubreuil qui lui promet de lui faire voir les choses autrement, de le "sauver" en quelque sorte. Mais le service n'est pas gratuit et le pacte se paiera au prix fort puisque Alan doit désormais obéir aveuglément à son nouvel ami / ennemi quelles que soient ses exigences. Car les intentions de Dubreuil sont loin d'être claires. Veut-il l'aider comme il le prétend ou lui nuire ?

L'ouvrage est conçu comme un roman, ce qui permet de multiplier personnages, intrigues secondaires et surtout de rendre l'ensemble passionnant à lire. Vraiment, une fois que l'on est plongé dans le bouquin, on le dévore en quelques heures. Pour autant, il ne faut pas s'y tromper : il y a beaucoup de L'Homme qui voulait être heureux dans Dieu voyage toujours incognito. Il s'agit toujours, grosso modo, de trouver les clés pour s'accomplir du mieux possible et de ne pas se laisser freiner dans nos actions par la croyance de notre incapacité à aller au fond de ce que nous sommes. Laurent Gounelle est psychologue et ça se sent à chaque page. Ceux qui avaient adoré le premier livre de Gounelle seront en terrain connu, ceux qui n'avaient pas aimé aussi d'ailleurs.

On n'est pas obligé d'adhérer à tout ce que nous dit Gounelle. Il fait parfois preuve d'un optimisme débordant envers ses semblables qui peut prêter à sourire mais l'ensemble dégage un tel enthousiasme, une telle confiance en les capacités des individus que cela procure une bouffée d'oxygène bien agréable par les temps qui courent. D'autant que l'humour n'est pas absent, bien au contraire. Notamment lorsque Alan est embarqué de force dans une voiture noire et qu'il atterrit dans un lieu désert, loin de tout, persuadé que sa dernière heure est venue. Je ne vous en dirai pas davantage évidemment, ni sur ce passage, ni sur le reste du roman, mais il y a de très bons moments où l'humour se le dispute à l'angoisse. On regrettera juste un final un peu trop optimiste mais aussi une ressemblance un peu trop flagrante dans le devenir de l'un des personnages principaux.

Bref, un très bon moment de lecture qui pousse à réfléchir ou qui, plus simplement, fait du bien à défaut de fondamentalement changer les choses. Comme promis, je vous laisse désormais avec la critique que j'avais faite de son précédent livre, L'Homme qui voulait être heureux, il y a environ un an sur l'ancien blog. Bonne lecture !




(Billet de juin 2011)

Le livre s'intitule L'homme qui voulait être heureux, écrit par Laurent Gounelle. Tout un programme. Il m'avait été recommandé par une collègue du Greta lorsque je faisais ma formation en anglais. Vu le prix du bouquin (6 euros en pocket) et l'enthousiasme de la personne, je pouvais bien me laisser tenter.

Je l'ai quasiment lu d'une traite puis j'en ai racheté 4 exemplaires supplémentaires dont deux que j'ai offerts, un 3e pour Nath et un dernier que j'ai... stabiloté ! Oui, oui, vous avez bien lu. Moi, le maniaque des livres, triste à la moindre page cornée, j'ai gribouillé un exemplaire du livre, surlignant de nombreux passages qui m'avaient parlé plus que d'autres.

Rares sont les bouquins qui ont un tel effet sur moi. Avec la frustration qui va avec car, paradoxalement ce livre ne changera pas fondamentalement ma vie puisque, si le développement qui y est fait coule de source, sa mise en application me paraît impossible ou alors il faudrait se faire sacrément violence et changer bon nombre de nos comportements dont certains sont si ancrés en nous qu'il me paraît surréaliste d'y parvenir.

A ce stade de mon récit, il serait peut-être bon que j'en parle un peu plus de ce livre justement. Le point de départ est simple : un homme en vacances à Bali décide, sans trop savoir pourquoi, de rencontrer une sorte de guérisseur alors qu'il n'est apparemment pas malade. Maître Samtyang, le dit guérisseur, donne très vite son diagnostic : l'homme n'est pas malade mais est profondément malheureux. A partir de ce constat de départ, l'homme va devoir se livrer à une sorte d'introspection pour trouver les racines de ce mal-être jusqu'à remettre en cause certains fondamentaux de son existence.

Entre philosophie, psychologie et développement personnel, Laurent Gounelle navigue avec bonheur grâce à une écriture très accessible et des théories étayées d'exemples variés, tant et si bien que l'ensemble est d'une limpidité exemplaire. Après, libre à chacun d'adhérer ou pas mais le contenu du livre interpelle forcément et surtout fait du bien. Son format court permet aussi d'aller à l'essentiel.

L'ensemble des points abordés tourne autour de la perception que l'on a de soi et des autres, autant de croyances qui forgent notre réalité. Une perception des autres souvent faussée par la perception que l'on a de soi. Par exemple, nous focalisons sur nos défauts. Et du coup, nous incitons inconsciemment ceux qui nous entourent à ne voir qu'eux. Et à renforcer ainsi cette impression, ce déni de soi. Comme le dit l'auteur, "les autres ont tendance à nous voir comme l'on se voit soi-même". Et ajoute : "Quand on croit quelque chose sur soi, que ce soit en positif ou en négatif, on se comporte d'une manière qui reflète cette chose". Avant de conclure sa démonstration par cette petite phrase qui est peut-être l'essence même du livre : "Tout ce que vous vivez a pour origine ce que vous croyez".

A partir de ce postulat de départ, l'auteur réfute la notion de réalité puisqu'il s'agirait en fait d'un ensemble de croyances (pas au sens religieux du terme) que nous manipulerions "à notre guise" pour créer un monde à peu près en équilibre et qui nous rassurerait. Ces croyances ne sont pas la réalité sinon la nôtre.

Laurent Gounelle glisse ensuite sur un terrain un peu plus discutable, à mon sens, même si, fondamentalement, rien de vraiment nouveau. Il s'agit encore une fois de souligner le fort impact de nos croyances, au travers d'exemples médicaux. Ainsi certains patients qui prendraient des placebos en lieu et place de certains médicaments verraient leur état s'améliorer, jusqu'à la guérison complète parfois. Plus insidieux, dans le cadre d'une chimiothérapie, on sait que certains médicaments ont pour effet secondaire la chute de cheveux. Là encore, la prise de placebos aurait, dans bien des cas, le même effet pour peu que le patient soit convaincu d'avoir ingéré des médicaments dont les effets secondaires notoires seraient la perte des cheveux. L'auteur étaye ses exemples avec quelques pourcentages qui se veulent authentiques. Pourquoi pas ? Je suis d'un naturel sceptique mais bon... On sait tous que la façon que l'on a de se persuader de telle ou telle chose, dans la vie de tous les jours, influe réellement sur nos décisions, nos comportements et donc notre existence. Disons que c'est un chapitre du livre qui m'a interpellé mais pas totalement convaincu. Mais qui fait froid dans le dos quand même.

Le personnage principal du livre exprime ensuite ses doutes quant à sa capacité de mener à bien un projet qui lui tient à coeur. Sauf que ce projet reste flou. Et que les doutes viennent de là. L'auteur, via les mots de maître Samtyang, explique que plus un projet est flou, plus il nous semble abstrait... et donc irréalisable. C'est ce qu'il appelle une croyance limitante.

L'ouvrage insiste également beaucoup sur la notion nécessaire du sacrifice pour mener à bien sa barque : "renoncer à des choses auxquelles on tient pour aller vers ce que l'on a le plus à coeur".
Cela passe aussi par l'obligation de faire des choix alors que l'on tendrait surtout à éviter de devoir en faire. Mais si l'on aspire à un mode de vie, quel qu'il soit, ces choix sont nécessaires.
Maître Samtyang va d'ailleurs pousser son invité à faire un choix fort, un sacrifice et ce faisant s'imposera d'en faire un lui-même comme pour étayer son propos. Je ne vais pas gâcher le plaisir de la découverte ici pour ceux qui seraient tentés de se procurer le bouquin mais c'est un des meilleurs passages du livre et probablement le plus émouvant.

Plusieurs chapitres traitent de notre rapport aux autres, de cette notion de perception que j'évoquais au début. A un moment donné, le "guérisseur" confie une mission amusante à l'homme venu chercher des réponses : il doit demander des services à des gens autour de lui et obtenir des "non". Sauf que, contre toute attente, même dans des situations loufoques, tous les gens qu'il rencontre acceptent de l'aider. L'auteur explique qu'en effet "les personnes qui ont peur du rejet sont très loin de savoir qu'i est rare d'être repoussé par les autres" et que "c'est précisément lorsque l'on craint d'être rejeté que l'on finit par l'être". J'avoue que cela fait partie des points qui soulèvent un certain scepticisme chez moi, peut-être parce que je ne suis pas non plus un modèle d'altruisme. Et je n'ai pas non plus l'impression que les gens qui m'entourent se gênent pour me dire non quand ils en ont envie. Mais bon...

J'ai en revanche beaucoup apprécié l'aspect du confort matériel qu'il soulève dans plusieurs chapitres. Comment pouvait-il en être autrement, du fait de ma collectionnite aigüe ? En gros, le confort matériel n'apporte pas le bonheur et les gens riches ne sont pas plus heureux que les autres. Simplement, on le croit et c'est cette croyance qui nous fait envier les gens et nous rend malheureux.
Personnellement (mais je sais que certains de mes amis, à situation égale, ne partagent pas mon point de vue), je pense que l'argent (et dans une moindre mesure le confort matériel) apporte du bonheur, au moins celui de ne pas se soucier des problèmes d'argent en fin de mois. Je dirais même, mais ça n'engage que moi, que plus je vieillis, plus je considère que ceux qui ont de l'argent et ceux qui galèrent n'ont pas grand chose à faire ensemble. J'ai de plus en plus de mal à composer avec des amis ou des relations qui "ont les moyens" alors que paradoxalement, si j'étais riche moi-même, je placerais certes mon argent mais j'en dépenserais aussi une bonne partie, faisant partie de ceux qui refuseraient de mourir riche sans en avoir préalablement profité. Bref, je me comporterais comme ces amis. Pour autant, en attendant, j'ai l'impression que le gouffre se creuse, indépendamment de leur comportement. Difficile de partager de vrais bons moments avec des gens "aisés" si l'on traîne soi-même la patte. Ou si l'on a l'impression (ou la croyance) de traîner la patte, c'est selon. Bref, pour moi, je le dis tout de go : l'argent fait le bonheur (ou y contribue sacrément) et ce sont souvent ceux qui ne manquent de rien qui prétendent le contraire.

En revanche, l'auteur met le doigt sur une des limites du confort matériel et là, je ne peux que lui donner raison. Voilà ce qu'il dit : "cette croyance (que le confort matériel apporte le bonheur) rend malheureux puisqu'elle pousse les gens à une course sans fin ; on désire un objet (...) et l'on se met à croire que la possession de cet objet nous comblerait. On le convoite, on le veut, et finalement, si on en fait l'acquisition, on l'oublie très vite pour jeter son dévolu sur un autre qui, c'est sûr, nous comblera si on l'acquiert". Bon, là, je ne peux qu'adhérer, du fait de ma collectionnite. Je ne compte plus les coffrets DVD collector éditions limitées à acheter sur le champ avant qu'il n'y en ait plus et que je n'ai pas encore visionnés. Un exemple parmi d'autres.
L'auteur résume tout en une phrase : "Quel que soit le niveau matériel auquel on aspire, on désire plus dès qu'on l'a atteint".

Voilà en substance les points qui m'ont marqué dans cet ouvrage et les interprétations que j'ai pu en faire. Après, le livre a les défauts de ses qualités. Il est très facile à lire, très accessible, bourré d'exemples mais, en contrepartie on peut estimer que tout "coule de source" et qu'il y a donc une certaine évidence derrière toutes ces "révélations". Le personnage principal est probablement aussi un peu trop réceptif face à tout ce que lui raconte le guérisseur, il objecte rarement au final et certains propos (ou certaines situations) sont davantage démagos que réellement convaincants. Surtout, comme je le disais en introduction, il y a cette frustration de ne pas pouvoir réellement changer le cours de sa vie (ou de ses croyances) en fonction de ce que l'on apprend ici (ou de ce dont on prend conscience plutôt). Bref, c'est un ouvrage dont je sais pertinemment que je vais le relire encore et encore parce qu'il me fait du bien mais qui ne changera pas fondamentalement ma vie.

Merci à Edwige de m'avoir conseillé "L'homme qui voulait être heureux" de Laurent Gounelle. J'espère qu'elle aura l'occasion de passer par ici et de nous éclairer sur ses sentiments à la lecture de ce livre.

Et que cela n'empêche en rien les habitués de ce blog de passer par ici donner leur avis surtout !
Ou de se laisser tenter, qui sait ?

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